Un climat des affaires satisfaisant en 2021 versus une inflation grimpante pour 2022

Ce mardi 17 mai, le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (Iedom) à Mayotte, Patrick Croissandeau, a dressé le bilan économique de 2021 et a abordé les perspectives pour l’année 2022. Si le climat des affaires, l’emploi et la consommation des ménages a plus que résisté aux conséquences de la crise du Covid-19, l’accélération de l’inflation continue d’affoler les indicateurs.

Si 2021 coïncide avec une année de reprise évidente et une croissance au rendez-vous, elle se distingue également par la naissance de l’inflation et son accélération en 2022. Le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer, Patrick Croissandeau revient sur la situation économique du 101ème département, mais aussi sur les perspectives. Pêle-mêle.

Le climat des affaires. Celui-ci se trouve en nette hausse dès le premier trimestre 2021, après la crise sanitaire marquée par des périodes de confinement et de restrictions drastiques ! Il s’élève même à 119 points à la fin de ladite année. « Nous pouvons considérer que la perte d’activité de 2020 a été rattrapée dans l’ensemble. Il s’agit d’une belle performance pour Mayotte », indique Patrick Croissandeau, le directeur de l’agence locale. Pour 2022, l’indicateur s’avère toujours en progression constante. « Nous approchons les 120, 121 points… Un niveau que nous n’avons pas atteint depuis 2007. » Conséquence : les trois quarts des sociétés mahoraises envisagent une évolution positive et une augmentation de leurs chiffres d’affaires.

Les secteurs du BTP, du commerce et des services. Avec une marge préservée, le secteur du BTP peut avoir le sourire en repensant à 2021, malgré des trésoreries « tendues » en raison principalement de délais de paiement trop importants. En ce qui concerne le commerce, il bénéficie du dynamisme de la consommation des ménages, « dans un contexte où la concurrence tend à s’exacerber ». En revanche, c’est plus compliqué pour le secteur des services, qui « a vécu une année moins favorable que nous pouvons qualifier de plus heurtée ». La raison selon Patrick Croissandeau ? Les difficultés de recrutement !

L’emploi. Avec 2.000 créations d’emploi en 2021 selon l’institut national de la statistique et des études économiques, Mayotte comptabilise 51.000 personnes en activité. « Nous retrouvons peu ou prou les niveaux de 2019. » Toutefois, le taux de chômage s’élève quant à lui à 30% et continue de progresser (22.000 personnes en recherche d’un emploi). Ce paradoxe peut s’expliquer pour deux raisons : l’accélération de la formalisation des statuts des demandeurs d’emploi et l’arrivée sur le marché d’actifs.

La consommation des ménages. « [Son] dynamisme a été maintenu en 2021 », assure Patrick Croissandeau. Les importations présentent une progression record (21.7% en valeur). Exemple avec 32% pour les biens d’équipements des foyers. Dans le même temps, les exportations affichent un redressement de l’ordre de 9%. Problème : cela creuse le déficit de la balance commerciale (867 millions d’euros, +22%). « L’économie mahoraise dépend des importations et produit peu pour l’exportation », rappelle le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer.

Les crédits. Le financement dédié aux entreprises augmente de 12% en 2021. Si les crédits d’exploitation (à court terme) sont en retrait en raison de l’instauration des prêts garantis par l’État, les crédits d’investissement (+6.5%) et immobiliers (31%) s’envolent. Par ailleurs, les encours des crédits aux particuliers évoluent de 4.8% sur un an, tandis que les crédits à la consommation sont en croissance continue (8.7%), avec un total de près de 350 millions d’euros. À l’inverse, on distingue une légère baisse des crédits à l’habitat. « Le distinguo entre [ces deux derniers] n’est pas simple du fait de la problématique du foncier. »

L’inflation. « Nous sommes dans une période plus longue et plus forte qu’envisagée en 2021, avec des impacts pour les entreprises et les ménages. » En 2022, l’augmentation des tarifs à Mayotte devrait être l’ordre de 5%. Un contexte que 72% des patrons interrogés déplore… « Ces prix sont tirés à la hausse par l’énergie et l’alimentaire. Il y a là les conséquences indirectes du conflit russo-ukrainien », estime Patrick Croissandeau. « Nous pensons que l’inflation va rester à des niveaux élevés jusqu’à la fin de l’année, avant d’inverser la trajectoire en 2023 et de retrouver un taux de l’ordre de 2% d’ici 2024. »

Les défis. Selon le directeur de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer, Mayotte doit poursuivre la réalisation des grands projets, préserver la cohésion sociale et l’environnement, développer le tissu entrepreneurial et innover pour apporter plus d’efficacité et de productivité dans le privé et le public. Si le contexte social et sécuritaire, les difficultés de recrutement et d’approvisionnement et l’accélération de la problématique de fret, « il faut nous donner la capacité de mener à terme les infrastructures, sources de croissance, d’activités et de richesses ». Pour y arriver, Patrick Croissandeau croit dur comme fer en la capacité de résilience des entreprises mahoraises.

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