Développées partout en France, les maisons familiales rurales (MFR) proposent aux jeunes un modèle de formation alternatif pour s’intégrer pleinement dans la société puis dans le monde du travail. À Doujani, la troisième MFR de Mayotte a inauguré ses nouveaux locaux rue Cheik Ahmed Soilihi ce mercredi 11 mai.
“Les MFR sont un moyen de lutter contre les maux sociaux de manière pérenne.” Lorsqu’il s’agit d’évoquer la structure pour laquelle il travaille, le président de la maison familiale rurale de Doujani, Younoussa Abaine, ne mâche pas ses mots. Un espace de formation qui a pour point de départ “un constat alarmant portant sur la délinquance juvénile et la déscolarisation” sur l’île aux parfums. “Notre travail consiste à forger l’intellect, à apprendre le vivre ensemble et à garantir l’acquisition de savoir dans le cadre de l’instruction obligatoire”, poursuit Younoussa Abaine.
L’égalité des chances
“J’ai moi-même commencé mes études dans une MFR”, témoigne Abdoulmadjid Harache, moniteur au sein de la nouvelle antenne de Doujani. Grâce à une formation en alternance dès la classe de quatrième, les élèves ont la possibilité de choisir un avenir qui leur ressemble. “Mon emploi du temps se partage entre les cours et les stages”, confie Mousna, 17 ans, en formation à la MFR de Doujani. Entre la vente, l’agriculture ou encore la coiffure, la jeune fille hésite encore : “Cette expérience m’a permis de découvrir plusieurs métiers.” Forte de cette expérience, l’élève va pouvoir décider d’un projet de carrière qui répond à ses envies.
“Un jeune qui vient en MFR est un jeune pour qui le système d’éducation n’est pas adapté et qui veut être dans l’action tout de suite. Depuis 85 ans, les MFR permettent de faire émerger des jeunes qui ont envie de servir leur territoire”, détaille Dominique Ravon, le président de l’union nationale des maisons familiales rurales d’éducation et d’orientation. À l’image de ces jeunes pour qui le déterminisme social semblerait avoir coupé les ailes, Elyassir Manroufou, enfant de Doujani, rapporte son expérience : “Aujourd’hui, je voudrais dire aux jeunes qu’on peut être issus de territoires comme Doujani et réussir.” Le conseiller départemental du canton de Mamoudzou 2 revendique sa scolarité dans ce quartier souvent montré du doigt pour ses épisodes de violence. “Doujani est un lieu où tout se mélange et où les associations s’organisent pour apporter une nouvelle dynamique vertueuse.” De quoi motiver les jeunes présents ce jour à poursuivre leurs efforts et un jour eux-aussi aider à leur tour les enfants de leur quartier.