Emplois aidés, emplois d’avenir, initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ) : des solutions existent pour les demandeurs d’emploi. « L’emploi et l’éducation sont deux impératifs », indique Seymour Morsy en guise d’introduction, appelant ainsi à la mobilisation de tous les acteurs, de Pôle emploi mais aussi de la Mission locale et des communes. Un nouveau contrat de ville devrait d’ailleurs être signé au mois de mai ou juin, engageant les communes dans la lutte contre le chômage.
Le préfet a écouté les différents professionnels, travaillant aux agences de Kawéni et de Dzoumogné. Yann Polard, le directeur général de Pôle emploi Mayotte, a rappelé l’évolution fulgurante de l’institution. L’ordonnance de 2012 a effectivement permis aux services Pôle emploi d’être transposés sur le territoire mahorais. Depuis, les effectifs ont triplé, en à peine 3 ans, avec une croissance exponentielle des demandeurs d’emploi. En 2013, 200 personnes bénéficiaient d’indemnisations, 400 en 2014.
L’exemple de Dzoumogné
À Dzoumogné, dans le Nord de l’île, l’agence accueille 2700 demandeurs d’emploi, dont 20% ont moins de 25 ans. « La qualification et la mobilité posent problème », explique Camar Elanziz, le directeur de l’agence, qui expérimente depuis le mois de mars l’accompagnement global, permettant d’analyser tous les freins à l’emploi. Une convention, signée en décembre, permet effectivement à l’agence de déterminer toutes les embûches que rencontrent les demandeurs d’emploi. « Ils ne sont plus simplement des demandeurs d’emploi classiques, nous analysons leur environnement global», précise Nathalie Copin, la directrice de l’agence de Kawéni. « Nous constatons par exemple qu’un budget consacré aux frais de garderie pour les mères de famille serait essentiel », ajoute l’une des conseillères à l’emploi.
Au-delà des freins internes à l’emploi, des problèmes de gestion bloquent régulièrement les procédures : faute de dossier complet, d’attestation d’employeur mal ou non remplie par exemple, les délais sont parfois très longs, avec des dossiers renvoyés dans une majorité des cas. « Il existe un véritable enjeu en ce qui concerne la responsabilisation des employeurs et des personnels de mairie pour obtenir la complétude des dossiers », souligne le préfet.
L’initiative pour l’emploi des jeunes
Le dispositif IEJ (initiative pour l’emploi des jeunes) a également fait l’objet d’un long échange entre les professionnels de Pôle emploi et le préfet. 150 jeunes à Kawéni et 60 à Dzoumogné bénéficient de ce nouveau dispositif. Le Fonds social européen (FSE) a effectivement octroyé 620 millions d’euros à la France afin d’accompagner les jeunes sans emploi qui ne suivent ni études, ni formation, à trouver un emploi. « À la sortie, la majorité de ces jeunes obtient un emploi », souligne Daniel Flaccine, conseillère à l’emploi et référente IEJ, « nous les accompagnons pendant 6 mois, et pendant 2 mois supplémentaires nous assurons un suivi à l’emploi ».
Réservés aux jeunes de moins de 26 ans avec un accompagnement personnalisé, « un contact minimum par semaine », indique la conseillère, l’IEJ permet d’apprendre à faire un CV, à se présenter devant un employeur afin de lui transmettre toutes les aptitudes pour être à la hauteur dans un environnement professionnel. « Nous réalisons aussi un travail pédagogique avec les employeurs, pour leur faire comprendre qu’un jeune, même sans qualification, peut être bénéfique pour son entreprise, et cela fonction très bien », relate Daniel Flaccine, « notre objectif est vraiment d’intégrer le jeune à une entreprise et de faire en sorte qu’il y reste ».
Aujourd’hui à Mayotte, 4500 demandeurs d’emploi bénéficient d’un conseiller personnel. Et c’est bien la conclusion qu’a choisi Yann Polard à l’issue de cette visite : « Pôle emploi propose un traitement de masse, mais que l’on cherche à individualiser ». Avec ses deux agences et ses deux points-relais (Chirongui et très prochainement Pamandzi), l’institution a largement évolué sur le territoire mahorais, en quelques années. « Nous voulons montrer que Pôle emploi agit dans beaucoup de secteurs et que nous sommes un acteur-clé dans la mobilisation des fonds européens. C’est bien ce que nous avons voulu montrer ce matin à la préfecture, autorité de gestion », conclut Yann Polard, qui entend mobiliser tous les leviers afin de lutter durablement contre le chômage.
Raphaëlle Bauduin
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