Route coupée de Tsingoni : « Un événement qui arrive fréquemment, mais pas de cette ampleur-là »

La route départementale qui relie Tsingoni à M’Tsangamouji est barrée depuis une semaine maintenant. Des fissures importantes et un affaissement de près de cinquante centimètres ont forcé la préfecture de Mayotte à fermer l’axe, le vendredi 29 avril. En attendant que les causes soient connues et donc de trouver une solution, la fermeture est prolongée pour le moment au 11 mai.

La Deal (direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement) suit de près l’évolution de la départementale 1, seule route avec celle passant par Mamoudzou à relier le nord et le sud de l’île. Plusieurs scénarios sont déjà imaginés.

Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Il y a une quinzaine de jours, les agents de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) ont remarqué l’apparition de fissures à côté de la route départementale 1, axe régulièrement emprunté par les poids-lourds circulant entre Longoni et le sud de l’île. « Quand on a vu ça, on a mis en place une surveillance renforcée. Les équipes, en patrouillant dans les jours qui suivent ont remarqué que les fissures s’écartaient et l’apparition d’un affaissement de la chaussée », raconte le directeur de la Deal, Olivier Kremer. Suite au signalement, un bureau d’études a été envoyé sur place. C’est lui qui a préconisé la fermeture de la route, d’abord aux véhicules les plus lourds, puis totalement.

Quel est l’origine de ce glissement de terrain ?

Il peut y en avoir plusieurs, mais elles ne sont pas connues aujourd’hui puisque la Deal « n’a pas encore tous les éléments ». La saison des pluies qui se termine est souvent propice aux modifications du terrain. Celui en question, en pente sur cette route, est ainsi soumis fréquemment au ruissellement. La proximité avec la mangrove sur ce tronçon particulièrement peut aussi avoir une incidence. « On a une forte érosion du littoral depuis pas mal de temps », fait remarquer le directeur de la Deal. Les fortes marées actuelles pourraient être alors responsables du phénomène. La dernière cause retenue est celle du terrain meuble et donc qui a tendance à bouger. Une situation déjà vécue sur cette route.

Est-ce que le phénomène s’amplifie ?

C’est l’une des difficultés en effet, celui-ci n’est toujours pas arrêté. La Deal a noté que « le premier affaissement est stabilisé ». Par contre, ce n’est pas le cas du deuxième, qui est plus important puisqu’il s’étend sur vingt ou trente mètres. En une semaine, l’affaissement est passé de dix à cinquante centimètres, selon le marquage réalisé sur place et le survol de la zone par un drone. Pire, la route commence à s’incliner et à aller en direction de la mer. « Ce sont des événements qui arrivent fréquemment, mais pas de cette ampleur-là », admet la Deal.

Quelles études sont encore à réaliser ?

Du carrotage et du forage vont être réalisés pour « vérifier la nature du terrain ». « Il faut qu’on pense à l’avenir et savoir comment faire ancrer la route avec quelque chose de solide en-dessous », fait remarquer Olivier Kremer.

Pourquoi avoir coupé la route en totalité ?

« Pour la sécurité de tout le monde », prévient le directeur de la Deal, en rappelant le danger du décrochage. « On ne sait pas encore à l’heure actuelle si un poids-lourd pourrait créer un désordre supplémentaire et entraîner un glissement de masse vers la mer », ajoute-il. Troisièmement, en vidant la route de ses véhicules, toutes les observations peuvent être ainsi faites au jour le jour.

Quand peut-on espérer une réouverture ?

C’est la grande inconnue. Les études ne sont pas finies, il est donc difficile de prendre une décision. « Nous n’avons pas de visibilité. Ce qu’on espère, c’est que ça dure le moins longtemps possible », admet la Deal. D’abord fermée une semaine, la route ne pourra pas ouvrir avant le 11 mai…pour le moment.

Quels scénarios sont envisagés ?

Il y en a plusieurs et bien sûr ils dépendront du résultat des études. Trois scénarios sont à l’ordre du jour, le plus optimiste nécessitant quelques travaux. Le second serait de pouvoir ouvrir la route « partiellement ». Le dernier impliquerait évidemment une fermeture totale plus longue. « Ou alors, on ouvre uniquement aux véhicules légers ou aux bus scolaires. »

Est-ce qu’il ne faut pas créer une route alternative ?

« Tout est possible », confirme Olivier Kremer. Dans les options en cas de fermeture plus longue, il y a celle de créer une route en amont par exemple ou une autre qui évite simplement les zones affaissées. Tant que rien n’est décidé, tout est encore possible donc.

 

Où passer en attendant ?

Le réseau routier mahorais offre malheureusement peu d’alternatives à cet endroit. La seule route possible entre le nord de l’île et le reste est désormais de passer par Mamoudzou. Ce qui ajoute de nouveaux bouchons à ceux existants, alors même que le territoire est dans sa première semaine de vacances scolaires. À Longoni, les poids-lourds n’ont plus le choix et réduisent par deux le nombre de rotations dans la journée.

Enfin, une piste forestière de sept kilomètres qui relie la route de Koungou et Tsingoni est devenue une alternative pour les véhicules légers, voire parfois des camions, a observé la Deal.

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