Le décasage de Bandrélé autorisé par le tribunal administratif

Le quartier de Mgnambani à Bandrélé est visé par une opération de décasage qui était contestée par ses habitants. Après un report dû à l’attente de la décision du tribunal administratif, la préfecture de Mayotte peut désormais l’effectuer très prochainement. La semaine dernière, la victoire des autorités dans ce même tribunal avait entraîné le décasage de ce mardi à Combani et Miréréni.

Les quatre requêtes déposées par des habitants de Mgnambani ont toutes été rejetées, ce jeudi. Le tribunal administratif de Mayotte ouvre ainsi la voie au décasage de ce quartier de Bandrélé où vivent plusieurs personnes entrées illégalement sur le territoire. Le combat judiciaire de ses habitants, aidés par le Gisti (groupement d’information et de soutien des immigrés), la Ligue des droits de l’homme et la fédération des associations de solidarité avec tous les immigrés, prend ainsi fin par cette ordonnance datée de ce jeudi.

L’affaire dure depuis plusieurs mois déjà, la préfecture ayant produit un premier arrêté le 3 décembre pour procéder au décasage du quartier. Quelques semaines auparavant, une enquête sociale et une visite de l’agence régionale de santé devaient permettre à la fois constater le caractère insalubre des habitations et permettre de proposer des solutions d’hébergement aux habitants. Mais le retrait de l’arrêté a repoussé l’opération à cette année. Les employés de l’Acfav (association départementale pour la condition féminine et aide aux victimes) sont donc retournés sur place, mi-janvier. Là, le climat a alors été très houleux en présence de la population. Des plaintes et des mains courantes ont été déposées d’ailleurs pour menaces de mort. Le tribunal relève, dans son ordonnance, « un contexte de fortes tensions qui dès le mois de janvier 2022 ont entravé la mission sociale de l’Acfav ».

Des habitants sans solution d’hébergement ?

Dans leur argumentaire, les six requérants et les associations font valoir plusieurs points, dont en premier lieu l’absence de propositions d’hébergement. L’avocate des familles, maître Marjane Ghaem, indique par exemple « qu’aucune proposition n’a été faite [à une jeune femme de 20 ans] la contraignant à se maintenir dans un domicile pourtant jugé dangereux ».

Une situation que réfute la préfecture de Mayotte. Selon elle, une proposition a bien été faite le 3 novembre 2021. « S’il est constant que [les deux requérantes] n’ont pas accepté ces offres de relogement, elles n’apportent toutefois aucune précision sur les motifs de leur refus de ces offres ainsi que de tous les contacts qu’ont vainement tenté d’établir avec elles les agents de l’Acfav », estime de son côté le tribunal. Concernant les autres habitants, la préfecture assure que des solutions ont été apportées et mêmes acceptées. En rejetant les requêtes, le tribunal administratif valide ainsi l’arrêté du 2 mars que la préfecture de Mayotte pourrait faire respecter très prochainement.

 

 

Et ensuite ?

D’après nos informations, d’autres décasages pourraient intervenir dans les semaines à venir. L’îlot de M’Tsamboro serait concerné par une opération dans la deuxième partie du mois de mai. Une autre devrait avoir lieu à Doujani, où récemment des éboulements se sont produits.

Pour rappel, celui de Combani et Miréréni, ce mardi, a entraîné la destruction de 122 habitations implantées sur des terrains appartenant au conseil départemental, au SMEAM (syndicat mixte d’eau et d’assainissement de Mayotte) et à des propriétaires privés.

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