Avec presque un vote pour cinq, le ratio des votes entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen à Bouéni était déjà très haut au premier tour de l’élection présidentielle. C’était encore le cas, ce dimanche soir, pour le second. Elle obtient 77.6% des voix dans la commune du sud de l’île.
Après une dernière cigarette prise sur la terrasse de la mairie, le président du quatorzième bureau de vote de Bouéni descend dans la salle du conseil où se déroule le dépouillement. Vers 19h10, les premières enveloppes sont ouvertes. « Marine Le Pen », « Marine Le Pen », « Marine Le Pen », « Marine Le Pen », « Emmanuel Macron », l’issue ne fait guère de doutes. Au premier tour, la commune avait déjà voté à 62.5% pour la candidate du Rassemblement national. Cette fois, face au président sortant qui avait fait 9.4% dans la commune du sud, elle n’a aucun mal à dépasser les 70%.
Un plébiscite qui parait toujours un peu surprenant dans ce coin tranquille de Mayotte, qui connaît moins de violence que ses voisines du nord. « Ici, les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas », fait observer l’une des fonctionnaires de la municipalité, qui supervise l’élection.
« Et ça fait combien en pourcentage ? »
Et ce soutien envers la candidate, qui certes est l’une des rares candidats à avoir fait le déplacement à Mayotte, ne se traduit pas de manière spontanée. Peu d’électeurs sont par exemple au bureau centralisateur, ce soir-là, encore moins affichant publiquement leur vote. « Emmanuel Macron : 39 voix, Marine Le Pen : 122 voix ». Le résultat du bureau 14 n’émeut personne, tant il était attendu.
Ni tristes ni contents, les agents qui travaillent à la collecte des chiffres venant des 13 bureaux de Bouéni n’attendent qu’une chose maintenant, c’est de pouvoir rentrer chez eux une fois le travail fini.
« Ça fait combien en pourcentage ? » demande un assesseur. Dans le quatorzième bureau, le score du Rassemblement national atteint les 76.7%, ce soir-là. Il est de 77.6% à l’échelle de la commune.
Des électeurs bien matinaux à Dzaoudzi-Labattoir
8h. Le bureau de vote numéro 159 à Dzaoudzi-Labattoir ouvre ses portes. Assesseurs, délégués, secrétaires, tout le monde se tient prêt pour accueillir les votants. En rang discipliné, les électeurs mahorais se dirigent vers les urnes. « Nous avons vu des personnes de toutes les générations venir voter », affirme Sitti, la secrétaire du bureau. Dans une ambiance apaisée, tour à tour les habitants de la commune se rendent dans l’isoloir. « Je trouve ce second tour très calme et agréable. Il se déroule sans excitation particulière et sans pression », constate le directeur du bureau de vote, Saïd Salim, élu à la mairie de Dzaoudzi-Labattoir. Une enveloppe bleue dans une main et les deux billets blancs dans l’autre, Nassim, s’apprête à accomplir son devoir de citoyen. « Il est important pour moi de voter aujourd’hui », avance le trentenaire. Soucieux de faire le bon choix, il n’a rien laissé au hasard. « J’ai lu les différents programmes des candidats. Ce dimanche, l’enjeu est différent car ils ne sont plus que deux, mais il reste de taille. » Pouvoir d’achat, liberté, démocratie, il espère voir des changements à la suite de ces élections en France et en particulier à Mayotte.
L.G
A Tsingoni, les électeurs de Marine Le Pen étaient les plus motivés
La chaleur est écrasante, et le soleil au zénith ne permet même pas au minaret de la mosquée de Tsingoni de projeter son ombre sur le bureau de vote de l’école primaire. Là-bas, alors que les panneaux électoraux sont vides d’affiches, seule une petite cinquantaine d’âmes s’y était déplacé en début d’après-midi. « On s’ennuie parce qu’il n’y a personne », déplore l’une des assesseurs. « En même temps, il fait chaud, et puis c’est difficile avec le ramadan, il faut comprendre les gens. » Les rares courageux qui se déplacent pour glisser leur petite enveloppe bleue dans l’urne semblent également être ceux ayant les plus fortes convictions. « Mika », la vingtaine, est disposé à évoquer son vote sans filtre : « On est là, parce qu’il faut virer Macron, faut changer ! » clame-t-il à la sortie de la salle de classe. « Moi, c’est Mariam, toujours », lance un cinquantenaire en proie aux suées.
Pour rappel, la commune de Tsingoni avait placé la candidate d’extrême-droite en tête lors du premier tour, à 40.6%, un peu moins que la moyenne mahoraise. Suivaient Jean-Luc Mélenchon (30.7%) et Emmanuel Macron (11.8%). Le vote de contestation, comme dans beaucoup d’autres villes de l’île, est donc bel et bien au coeur de la réflexion des Tsingoniens cette année. Aux horizons de 20 heures, le couperet tombe : Marine Le Pen est plébiscitée par les habitants de la commune de l’ouest à hauteur de 63.3%. Tout cela sous les lumières de la plus ancienne mosquée en activité de France.
Axel Nodinot
Emmanuel Macron réélu président de la République française
Cinq après, et toujours suivant le même duel, Emmanuel Macron conserve son poste de président des Français. Ce dimanche 24 avril, il s’impose face à Marine Le Pen avec 54.2% des voix (selon les résultats partiels à 23 heures, heure à Mayotte).
Le candidat de La République en marche dispose toutefois d’une marge moins importante qu’en 2017 où il comptait 66.1% des suffrages. L’abstention est annoncée également plus importante avec 26.5% de personnes qui ne sont pas allées voter (toujours selon les résultats partiels), contre 25.4% en 2017.
Ce résultat révèle peu de surprises pour cette élection présidentielle 2022 où les partis traditionnels (comme le Parti socialiste et Les Républicains) ont laissé leurs places à trois forces politiques, la gauche derrière Jean-Luc Mélenchon, l’extrême-droite de Marine Le Pen et le courant centriste libéral du gagnant, Emmanuel Macron.