Réunie ce jeudi 7 avril à l’occasion de son assemblée générale, l’association Art Terre veut poursuivre son développement et sa structuration pour donner toujours plus de visibilité et redynamiser la filière BTC (brique de terre compressée). Ainsi, les bénévoles envisagent de se doter d’un site de production et de formation sur le terre-plein de M’Tsapéré.
Cette année est cruciale pour la brique de terre compressée (BTC). Celle-ci est en passe d’obtenir la règle professionnelle auprès de l’agence qualité construction, une reconnaissance de plus pour ce matériau. Il s’agit que c’est une belle satisfaction pour l’association Art Terre qui ne souhaite pas pour autant s’arrêter en si bon chemin. Ainsi, elle envisage dans ses projets à venir de créer un site temporaire, ou même permanent, à proximité de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) à M’Tsapéré. « Ce serait un pas en avant vers le pôle formation », indique Vincent Liétar, l’un des deux membres démissionnaires.
Si la réflexion menée à l’occasion de l’assemblée générale organisée ce jeudi 7 avril serait de pouvoir analyser les terres issues des gros chantiers publics menés sur le territoire, à l’instar de la future zone d’aménagement concerté de Doujani, l’enjeu de posséder un tel espace serait de produire et de stocker de la BTC, mais aussi de faire monter en compétences les maçons et les producteurs. « Le savoir-faire, c’est crucial, c’est le moteur », insiste Dominique Tessier, architecte et co-auteur de « Construire en terre mahoraise », un ouvrage sorti en fin d’année dernière.
La voie de la professionnalisation
Mais un virage comme celui-ci ne se réalise pas en un claquement de doigts. Cela demande une véritable prise de décision et un certain chamboulement dans le fonctionnement de l’association. « Il est visiblement temps pour vous de passer vers une phase de professionnalisation. Votre solde 2022 (de plus de 45.000 euros) vous permet de l’envisager », suggère Arnaud Boudard, un employé de la DEAL, structure faisant partie des principaux financeurs de Art Terre. Se pose ainsi la question de monter des partenariats et de recruter un salarié. Ce qui induit « organisation » et « disponibilité » aux yeux de Vincent Liétar. Or, une telle embauche apparaît à ce jour comme indispensable dans le but de continuer à faire du lobbying pour la filière de construction en terre crue.
Un bel outil de communication
Autre avantage : ce site dédié permettrait de sensibiliser le grand public. « En vous installant à cet endroit, vous toucheriez 50% des actifs mahorais bloqués dans les bouchons le matin et le soir », fait remarquer Arnaud Boudard. Sans oublier le brassage de curieux qui pousseraient la porte pour passer une tête et s’informer ! C’est en tout cas la stratégie de communication envisagée. L’occasion de faire découvrir quelques modèles de production (arcs, murs, coupoles, maisons, etc.) et d’échanger sur certaines démarches en cours, comme le projet d’amélioration de l’environnement scolaire, le projet Lima (logement innovation Mayotte) en partenariat avec Action Logement ou le projet Toma dans le cadre du programme inter Outre-mer pour les bâtiments résilients et économes en énergie… « Ces projets pilotes seront le meilleur moyen pour véhiculer un message positif sur ce matériau », affirme Ibrahime Zoubert, membre du conseil d’administration de l’association. Quoi qu’il en soit, l’idée séduit dans son ensemble. Reste à la concrétiser pour définitivement couler les fondations de la filière de la brique de terre compressée.