Après la rébellion de dimanche, quatre détenus ont été jugés en comparution immédiate et condamnés à six mois de prison par le tribunal de Mamoudzou, ce mercredi. Les seize autres participants à la rébellion font toujours l’objet de poursuites et seront jugés prochainement.
Minorant leurs rôles au cours des événements à la prison de Majicavo-Koropa, dimanche, quatre hommes âgés de 21 à 23 ans ont comparu devant le tribunal de Mamoudzou, mercredi après-midi. Alors qu’une vingtaine de prisonniers refusent de quitter l’une des cours de la maison d’arrêt et font face aux surveillants et aux gendarmes, ces quatre-là font partie des sept désignés comme meneurs. « On nous a pas expliqué pourquoi on devait rentrer », « les images montrent que je n’étais pas armé », « je voulais profiter d’un coup de téléphone, il n’y en a pas dans ma cellule », tentent tour à tour de faire valoir, les prévenus qui sont à Majicavo-Koropa en attente de procès pour d’autres faits.
Quand le substitut du procureur, Tarik Belamiri, rappelle à un détenu, désigné « comme meneur », celui-ci répond que « c’est de l’imagination », que « c’est faux ». Ce dimanche, malgré les sommations, lui, comme les autres prisonniers refusent de rentrer dans les locaux. Pire, ils s’arment de pierres en cassant un muret avec une grille d’évacuation des eaux, mais aussi avec des balais affûtés. Ils s’en servent alors pour repousser les surveillants équipés de boucliers, avant que la gendarmerie mette fin aux trois heures de rébellion.
« Ce sont les détenus qui chargent »
Images de vidéosurveillance, témoignages de surveillants ou de gendarmes détaillent les agissements des quatre détenus. Mais pour des raisons techniques, les images ne sont pas diffusées pendant l’audience. Le substitut du procureur, lors des réquisitions, insiste sur le caractère des actifs des prisonniers. « Je rappelle que ce sont les détenus qui chargent, pas les surveillants », fait-il remarquer. Les faits justement, il les qualifie de « graves » et donne une autre dimension à un événement de cette ampleur qui reste rare à Majicavo. « Ce ne sont pas de faits de simple violence. Ils ont une portée politique et institutionnelle », tient-il à démontrer. « Ils savaient dans quel engrenage ils étaient. » Il requiert huit mois de prison.
Si les avocats reconnaissent la présence de leurs clients dans la cour, ils plaident la relaxe, arguant qu’il n’y a pas « pas d’éléments » démontrant les rôles de meneurs attribués aux quatre détenus. Maître Aurore Baudry, qui en défend deux, parle même de « dossier bâclé ». « La vidéo n’a pas permis de déterminer la participation de chacun. » Maître Soumetui Andjilani la rejoint sur ce point. « On nous parle de violences, mais sur qui ? », demande l’avocat des deux autres détenus.
Le tribunal reconnaît les quatre prisonniers coupables de « rébellion », « outrages en réunion » et « dégradations ». Ils écopent de six mois de prison et doivent verser 2.000 euros au surveillant, en charge du bâtiment ce jour-là, pour préjudice moral. Le parquet indique également que leur participation à la mutinerie remettra en cause de potentielles réductions de peine et les pénalisera dans le cadre de demandes de remise en liberté.