Comme il l’avait fait avec l’ensemble des Français pour annoncer sa candidature, le président de la République Emmanuel Macron a choisi de s’adresser aux Outre-mer via plusieurs lettres, une pour chaque département ou territoire. Dans celle adressée aux Mahorais, on retrouve des anciennes promesses, des plus récentes et un bilan de son action.
Cette semaine, les Outre-mer avaient une large place dans l’agenda d’un président de la République redevenu candidat. Émission spéciale avec nos confrères de la 1ère, envoi d’une lettre à chaque Dom-Tom, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a voulu mettre l’accent sur un électorat qui se déplace moins dans les urnes, mais où les résultats diffèrent complètement d’un territoire à l’autre. Au premier tour en 2017, à Mayotte, François Fillon (32.6%) et Marine Le Pen (27.2%) avaient nettement devancé le candidat En marche (19.2%). Cette fois-ci, le président de la République prend la plume pour une longue lettre à destination des Mahorais, rappelant au passage sa venue en octobre 2019. “Au cours des cinq dernières années, vous avez pu éprouver mon engagement pour vous. J’ai désormais besoin de votre soutien pour le poursuivre.” Dans sa missive, il promet tout d’abord de “vous protéger” à la fois de l’immigration clandestine, de la délinquance, de la criminalité, de l’habitat illégal, des catastrophes naturelles et du Covid-19. Pour les trois premiers, il s’appuie sur le nombre d’expulsions ces cinq dernières années (100.000) ou une augmentation de “près de 40%” des effectifs de police et de gendarmerie. Sur ces thématiques, il compte prendre “des mesures radicales […] pour rendre ce territoire moins attractif aux étrangers”. Sans chiffrer, il évoque “un renforcement des moyens de la police, de la gendarmerie et de la justice”.
La piste longue une nouvelle fois promise
En matière de santé, il rappelle que c’est pendant son mandat que l’agence régionale de santé à Mayotte a été créée et l’hôpital de Petite-Terre construit. Ce dernier remplace d’ailleurs l’ancien site de Dzaoudzi et le dispensaire de Labattoir. “Un second hôpital sera construit pour permettre un meilleur accès des Mahorais du centre et du sud de l’île”, défend-il. Le président de la République évoque également la piste longue de l’aéroport, chose déjà promise en 2019. “Oui, on la fera ! Je vous le dis très clairement : pas d’études d’impact pour savoir s’il faut faire ou pas, elles ont été faites plusieurs fois”, avait-il dit à l’époque. Deux ans et demi plus tard, celui-ci s’engage à nouveau à mener le projet “à terme”.
Il aborde la question de la convergence sociale à faire “au plus vite”. “Pour que vous ayez davantage de droits en matière de retraite ou de protection sociale”, précise-t-il, sans se risquer à dévoiler un calendrier. Il se félicite ensuite “qu’en 2021, nous n’avons jamais créé autant d’emplois à Mayotte”, oubliant de mentionner que le niveau de l’emploi en 2021 a retrouvé en fait celui de 2019, selon l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Ce n’est pas le seul “oubli” car si le code du travail est bien appliqué depuis le 1er janvier 2018 et le mandat d’Emmanuel Macron, il a été voté en 2016, sous la mandature précédente.
À deux semaines de l’échéance, le président de la République essaye de rallier une dernière fois les voix des Mahorais en souhaitant qu’ils se déplacent à une élection qui n’intéresse d’habitude qu’environ 40% d’entre eux.
Et la deuxième prison ? Et la cité judiciaire ?
Lors du récent déplacement d’Éric Dupond-Moretti à Mayotte, le ministre de la Justice en avait profité pour annoncer deux nouvelles importantes. Premièrement, il promettait la construction d’une deuxième prison, visant à soulager celle de Majicavo qui connaît un taux d’occupation de 180%. La deuxième est la construction d’une cité judiciaire. Le lieu était même déjà trouvé puisque le conseil départemental avait proposé son site de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) à Kawéni.
Point d’annonce de ce genre dans cette lettre entre bilan et programme. Pourtant, chez les Jeunes avec Macron, on l’assure, c’est toujours à l’ordre du jour. A contrario, le président cite un centre éducatif fermé pour mineurs. Un projet qui n’avait pas emballé le Garde des Sceaux lors de son passage à Mayotte. Celui-ci avait alors visité le quartier des mineurs de la prison, qui accueillait 25 jeunes sur 30 places.