Les coupeurs de route condamnés à des peines allant de 11 à 18 années de prison

La cour d’assises des mineurs de Mayotte a rendu son verdict, ce mardi soir. Les neuf hommes d’origine comorienne liés aux barrages de juin 2016, près de Tsararano, ont été reconnus coupables et condamnés. Maendjibou Saindou, celui qui a été décrit comme le chef, écope de 18 ans de prison, tandis que les deux plus jeunes ont été condamnés à des peines de 11 et 12 ans, ils étaient mineurs au moment des faits.

La cinquième et dernière journée du procès des coupeurs de route, ce mardi, était attendue avec impatience par les victimes. Après les réquisitions du parquet et les plaidoiries des avocats, la cour d’assises des mineurs a rendu son verdict dans la soirée sur cette affaire datant de juin 2016 et qui impliquait neuf hommes, dont deux étaient mineurs au moment des faits. Pour rappel, la bande dont les membres sont tous originaires des Comores était accusée d’avoir monté deux barrages, l’un le 8 juin 2016 à Ongojou et l’autre le 16 juin à Ironi Bé. Tôt le matin, ils arrêtaient les travailleurs, les dépouillaient et les agressaient. Des faits particulièrement violents décrits par une partie des victimes qui sont venues témoigner pendant ce procès.

Reprenant l’image de “L’attaque de la diligence” peinte par Francesco Goya, le représentant du ministère public a comparé les coupeurs de route à “des bandits de grand chemin qui semaient la terreur en France au XVIIIème siècle”. L’avocat général, Albert Cantinol, a cité en exemple cette victime qui n’a pu garder son poignet intact que grâce à la montre qui a stoppé la machette. “Les victimes ont vécu un guet-apens dont vous vous souvenez toute votre vie”, a-t-il insisté. En raison de la vingtaine de victimes et les 50.000 euros de préjudice, il a demandé des peines allant de dix ans de prison (pour les deux mineurs au moment des faits) à vingt ans. Il a aussi requis une interdiction de cinq ans de port d’arme et une autre de territoire français pour six des accusés.

Les avocats ont pointé le manque de preuves

Lors de leurs plaidoiries, la plupart des avocats ont rappelé, ce mardi, que leurs clients ne sont reliés aux attaques que sur les déclarations des premiers mis en cause. En effet, l’ADN de deux hommes seulement les ont reliés aux attaques. Les cagoules et l’obscurité au cours de ces deux matins ont rendu difficile l’identification par les victimes. Maître Luc Bazzanella, qui a défendu Inoussa Hati, a relevé ainsi qu’“il n’y a pas d’empreintes génétiques de Monsieur Hati. Il n’y a pas grand-chose d’autre d’ailleurs”. Pour Raphaël Saindou, maître Abdel-Lattuf Ibrahim a également noté que le témoin qui a reconnu son client durant le procès ne l’a pas fait “trois ans plus tôt”. Et celui qui est décrit comme le chauffeur, Dajmaldine Amed, “il a été exonéré par les autres” a répété son avocat, maître Charles Simon. La cour d’assises a condamné les trois à respectivement à 14 ans, 16 ans et 16 ans de prison.

Tombé à cause de son ADN, Nadjib Mahomed a été le premier à reconnaître les faits et à indiquer les noms de ses complices. Si sa version a plusieurs fois changé, il n’a jamais nié son rôle. Maître Soumetui Andjilani a souhaité d’ailleurs mettre en avant l’importance de son client dans l’enquête de la gendarmerie. “Grâce à Nadjib Mohamed, vous avez un dossier”, a-t-il fait remarquer. Le jeune homme a été aussi le premier à présenter ses excuses lorsqu’il a été appelé la dernière fois à la barre. “Je demande pardon à tout le monde dans la salle. J’ai un immense regret parce que j’ai foutu ma vie en l’air”, a-t-il confié. Il a été condamné à treize ans d’incarcération. Abdoulaziz Ahamad Saïd Ali, connu sous le surnom de Magnele, qui a reconnu aussi les faits au moins du 8 juin, écope de seize ans de prison. La peine de Amildine Madi, dont l’ADN a aussi été retrouvé, est de quatorze ans.

Le plus âgé, 29 ans aujourd’hui, Maendjibou Saindou a eu la condamnation la plus lourde avec 18 ans de prison. Jamais condamné, décrit comme un manipulateur lors de son expertise psychologique, celui-ci a toujours nié sa participation. Pourtant, plusieurs de ses coaccusés l’ont désigné comme l’instigateur des attaques, après le décasage de sa maison de Tsoundzou 1 au printemps 2016. Seul du groupe a possédé la nationalité française, il ne peut pas faire l’objet d’une interdiction définitive de territoire français, comme les deux condamnés qui étaient mineurs à l’époque. Ces deux derniers ont d’ailleurs les peines les plus courtes avec respectivement onze et douze ans de prison.

Tous ont également une interdiction de port d’arme pendant cinq ans.

Mayotte Hebdo de la semaine

Mayotte Hebdo n°1112

Le journal des jeunes

À la Une