Une quarantaine d’étudiants se sont retrouvés devant le centre universitaire de formation et de recherche (CUFR) de Mayotte, ce vendredi matin. Ils ont protesté pour demander davantage de sécurité dans l’établissement, après l’agression d’un étudiant, lundi.
Les pancartes en carton fleurissent à Iloni, ce vendredi matin. Environ quarante étudiants bloquent l’entrée des voitures sous un soleil tapant. Les petits groupes se haranguent, se chamaillent, tapent sur des casseroles. Un joyeux capharnaüm qui n’empêche pas une autre partie des étudiants de rentrer suivre leurs cours. “On est là parce qu’un jeune délinquant est rentré dans le CUFR et a agressé un étudiant”, rappelle Nayam. Effectivement, en début de semaine, un groupe d’individus est rentré dans le centre universitaire. L’un d’eux a planté une fourchette dans l’avant-bras d’un étudiant. En sortant, ils ont également crevé les pneus des véhicules garés à l’extérieur. Depuis, pour empêcher de nouvelles intrusions, des agents de sécurité sont désormais postés aux entrées.
Mais aux yeux des étudiants, cette mesure est un peu tardive. ”Ils sont là cette semaine, mais pour combien de temps ? Une semaine ? On devrait avoir un système pour filtrer les entrées avec nos cartes d’étudiant. Là, tout le monde rentre et sort comme du bétail”, poursuit l’étudiant. À quelques mètres, Abal-Kassim Cheick Ahamed, le directeur adjoint du CUFR, essaye de calmer les étudiants. Il leur répond “qu’il faut co-construire ensemble pour trouver des solutions”. Il dit ne pas être opposé à la présence d’agents de sécurité “de façon pérenne », et surtout “permettre aux élèves d’aller tranquillement à l’école”. “On va regarder quel montage financier peut nous le permettre”, défend-il.
“Il n’y a pas solidarité à Mayotte”
Un peu déçus du nombre de manifestants, les jeunes regrettent que les professeurs ou le personnel de l’établissement ne se soient pas joints à eux, ce vendredi matin. “Il n’y a pas de solidarité à Mayotte”, s’inquiète Nayam. Iman Mahmouti, présidente de la section locale de l’Unef (Union nationale des étudiants de France), est également présente pour soutenir les étudiants. “On a déjà des conditions précaires, on nous impose aussi l’insécurité”, déclare la représentante du syndicat récemment implanté sur l’île.
Ce matin-là, les élèves sont laissés sous la surveillance des agents de sécurité et de quelques gendarmes. En milieu de matinée, plutôt que de rester devant l’entrée, le groupe a décroché ses banderoles et est descendu sur la route nationale pour rejoindre la mairie. Aux cris de “moins d’insécurité, plus de dignité”, ils ont manifesté sous les fenêtres de la municipalité. Une marche bruyante et bon enfant qu’ils espèrent refaire quotidiennement pour aller à l’école.