Vendredi 11 mars 2022, Michel-Henri Mattera, directeur de la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS) de Mayotte, et Bertrand Aumand, chef du service régional de l’Insee à Mayotte, présentaient les résultats d’une étude sur les emplois de cadre à Mayotte. Un travail mené par les deux institutions et s’appuyant sur des données collectées entre 1997 à 2017.
Professeur, ingénieur, chef d’entreprise, secteur libéral… Lorsque l’on parle de cadres, tout le monde voit bien le tableau. En 2017 à Mayotte, les professions de cadres occupent pas moins de 12% des personnes en emploi. Un effectif multiplié par quatre en vingt ans. Mais alors pourquoi ? À en croire les chiffres avancés par Bertrand Aumand, « la tertiarisation de l’économie et la départementalisation” sont les principales responsables de cette hausse significative des postes à responsabilités sur l’île aux parfums.
La fonction publique en tête de peloton
Avocats, juges, comptables… Eh bien non sans grande surprise, la plus grande part des diplômés du supérieur travaillant à Mayotte sont… enseignants dans le secondaire ! “Quatre cadres sur dix en 2017”, affirme le chef du service régional de l’Insee à Mayotte. Sur un total de 4.800 cadres sur le territoire, 40% travaillent dans l’Éducation nationale. Sur le podium, on retrouve les cadres de la fonction publique d’État, mais aussi leurs homologues administratifs et commerciaux d’entreprises.
Changement de paradigme
“Les personnes nées à Mayotte ont pu davantage prétendre au statut de cadre, notamment les femmes”, explique Michel-Henri Mattera, directeur de la direction de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DEETS), accompagné de ses deux collaboratrices. Les femmes natives de Mayotte peuvent dorénavant se targuer d’être aussi nombreuses que les hommes parmi les diplômés du supérieur. Si sur l’île aux parfums le niveau de diplôme reste faible, l’enseignement supérieur se structure peu à peu. “Avec l’ouverture de l’université de Dembéni au lendemain de la départementalisation, le niveau de formation des natifs et des natives devrait continuer à progresser dans les années à venir”, rassure Bertrand Aumand.
Un progrès non négligeable pour une population très attachée à son territoire et qui n’aura bientôt plus besoin de le quitter pour se former. Alors que la fuite des cerveaux se pose comme une véritable problématique à travers le monde, au cœur du 101ème département “79% des cadres nés à Mayotte y restent ou y reviennent pour y travailler”, se félicite Michel-Henri Mattera un constat dû à “l’avènement d’une société de services supplantant un monde agricole”. Bonne ou mauvaise nouvelle pour l’avenir de l’île au lagon ? Le temps nous le dira…