Un nouvel hôpital de 400 lits

Il y a deux semaines, Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, annonçait la sélection du site de Combani pour la construction du second hôpital de Mayotte, après des études menées par l’agence régionale de santé et le CNIS (comité national de l’investissement en santé). Si le projet en est encore au stade de l’étude, le premier coup de pioche est prévu pour 2025, et permettra une décentralisation des lits et des patients sur l’île.

Un « projet majeur de transformation du tissu hospitalier de l’île au bénéfice de la santé des Mahoraises et des Mahorais », rien de moins. Voilà ce qu’a déclaré Sébastien Lecornu le 1er février dernier, lors du choix de Combani pour l’implantation du nouvel hôpital de Mayotte. Ce sera le deuxième de l’île au lagon, après le CHM de Mamoudzou, et le troisième établissement de santé d’importance si l’on compte le site Martial Henry en Petite-Terre, néanmoins antenne du centre hospitalier de Mayotte. S’il faudra attendre 2025 pour voir les premières pierres de ce bâtiment surgir de terre, la nouvelle technopole de santé représentera une aubaine pour les habitants du département, sa croissance démographique étant selon toute vraisemblance encore exponentielle dans les décennies à venir. « L’objectif est d’augmenter les capacités de prise en charge hospitalière sur l’île », réaffirmait le ministre des Outre-mer au début du mois.

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Mais le choix de Combani comporte bien d’autres avantages, comme le faisait remarquer Ben Issa Ousseni, président du conseil départemental, dans une lettre à Sébastien Lecornu datée du 5 novembre 2021. Le village « se situe à mi-chemin entre le sud et le nord, à 25 minutes de Mamoudzou, et est souvent présenté à juste raison comme la deuxième capitale économique de Mayotte. Les atouts de cette situation géographique sont nombreux : présence du RSMA, de nombreux services publics de proximité, construction d’un centre commercial important, présence d’une station-service, accès direct vers le port de Longoni… », précisait l’élu de Tsingoni, rappelant que le CD s’était prononcé en faveur de ce site en avril 2021, lors d’une contribution dans le cadre du projet de loi Mayotte. En outre, la présence d’un établissement de santé de cette ampleur permettra aussi de soulager les hôpitaux périphériques de référence de Kahani et de Dzoumogné, qui ne peuvent accueillir qu’un nombre limité de patients.

Une task-force ARS – CHM

Loin de n’être qu’une action menée par le gouvernement et le département, le choix de Combani fait suite à des travaux d’expertise mandatés par l’ARS de Mayotte, qui s’est penchée sur sept sites. Après avoir balayé tous les critères techniques nécessaires à la construction d’un hôpital de grande dimension, c’est donc le village du centre qui a été l’heureux élu. « Le site de Combani présente les intérêts géographiques et morphologiques répondant le mieux aux besoins de ce projet », affirmait Olivier Brahic, directeur général de l’ARS, il y a quelques jours, avant une réunion avec des membres du CNIS, le comité national de l’investissement en santé. Ce dernier enverra d’ailleurs des experts entre le mois de mars et celui d’avril « afin de pouvoir engager les prochaines étapes du projet », en vue d’un dépôt de dossier au mois de juin. C’est seulement après cela qu’arrivera l’appel à projets.

« C’est énorme ! », réagit d’emblée Philippe Enfru, responsable de la promotion immobilière de la Colas Mayotte, face au montant des travaux. Alors que le budget prévisionnel s’élevait au départ à 192 millions d’euros, la facture devrait allègrement dépasser les 200 millions. « Un hôpital, c’est complexe à construire, il faut donc forcément des moyens qu’aucune agence n’a, surtout à Mayotte », analyse Philippe Enfru. « C’est un chantier tellement important que tous les gros vont répondre, ce sera sans doute même géré par les instances nationales. » Le cadre voit juste, puisque les 19 hectares du futur nécessitent une force de frappe financière de premier ordre. Pour engranger les investissements, une « task-force » commune a d’ailleurs été créée entre le CHM et l’ARS. Pour le moment, une aide de 172 millions d’euros est déjà prévue, de la part du fonds pour la modernisation et l’investissement en santé. Le Ségur de la Santé assure également 67 millions supplémentaires pour l’établissement, qui seront cependant utilisés dans le cadre d’autres investissements (voir encadré). Le CNIS apporte en outre son appui constant à cette fameuse task-force.

Ultimement, le deuxième hôpital de Mayotte comportera « entre 380 et 420 lits », selon Olivier Brahic. Le directeur général de l’agence régionale de santé souhaite effectivement copier peu ou prou la capacité du centre hospitalier de Mamoudzou, qui comportait 473 lits en 2020, pour la doubler. De nombreux services seront également dupliqués du chef-lieu à Combani, afin d’avoir le plus grand nombre de pôles médicaux possible. Enfin, l’accès au futur établissement sera rendu possible par une amélioration du réseau routier à l’intérieur du village et sur sa périphérie, sous la responsabilité partagée de l’État, via la DEAL, du département et de la commune de Tsingoni. Après la création récente de la première maison de santé mentale sur leurs terres, les habitants de Combani – et plus généralement du centre de Mayotte – pourront profiter d’une offre de santé locale conséquente d’ici la fin de la décennie. Si le chantier débute bien en 2025.

Retrouvez l’intégralité du dossier sur la commune de Combani dans le Mayotte Hebdo n°986

 

La fin du golf de Combani ?

Si le site du centre commercial en construction était vierge, celui du nouvel hôpital pourrait bien ne pas l’être. Selon certaines sources, l’établissement de santé prendrait la place de l’actuel golf des ylangs, au nord du village de Combani.

 

Les projets du CHM en 2022

Outre l’arrivée en avril de Jean-Mathieu Defour, nouveau directeur du CHM en provenance du CH de Bastia, sont prévus un agrandissement du bloc obstétrical et des urgences gynéco obstétriques, l’augmentation du nombre de box de néonatalogie, la mise en place d’une unité dédiée de psychiatrie à Petite-Terre, et l’acquisition d’un second scanner. Pour ces projets d’investissement, le CHM va bénéficier de 134.5 millions d’euros d’aides, dont les 67 millions du Ségur de la Santé.

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