PIB : Mayotte toujours à la traîne

Pour certains acteurs économiques, le PIB de Mayotte était un mystère. Certains se souvenaient qu’il avait été calculé en 2005 et en 2009, mais il n’y avait pas d’élément suffisamment étoffé pour satisfaire les exigences de la Commission européenne.

Devenue département en 2011 et région européenne ultrapériphérique en 2014, Mayotte doit désormais se doter de statistiques fiables. Le PIB est l’élément de base à avoir et l’INSEE a pu calculer son montant définitif pour Mayotte pour l’année 2011 (NB : La Réunion n’a pas encore cette donnée).

Pour Christian Monteil, responsable des comptes à l’INSEE Réunion, les chiffres 2009 n’ont pu être pris en compte pour des considérations méthodologiques.
Le PIB 2011 s’élève 1 575 millions d’euros en 2011, soit 7 900 € par habitant. En 2005, il était de 954 millions d’euros, soit 5 200 € par habitant. Le PIB a progressé de 65% en six ans, soit une croissance de 8,7% par an (contre 1% au niveau national et 4,4% à la Réunion).

Le PIB par habitant de Mayotte est toutefois loin de ceux des autres DOM, notamment la Guyane (15 100 €/hab en Guyane, 18 900 €/hab à la Réunion) ou encore de l’Hexagone (31 500 €/hab).
En revanche, dans la région il se situe sur le podium derrière la Réunion et les Seychelles et devant Maurice.

À Mayotte, la croissance du PIB est due à trois moteurs. Le premier vient des dépenses de consommation finale des administrations publiques. De nombreuses administrations se sont installées à Mayotte durant cette période avec l’avènement des chambres consulaires, la Caisse d’allocation chômage passée depuis au Pôle emploi. Les fonctionnaires d’État (hors défense) ont plus que doublé passant de 3 500 en 2005 à 7 400 en 2011 et les prestations sociales en nature (remboursements de soins ou de médicaments, allocation logement, etc.) ont augmenté contribuant à ses dépenses. Néanmoins avec seulement 4 900 € dépensés par les administrations par habitant, Mayotte est encore loin de ce qui se fait à la Réunion (6 200 € par habitant) ou encore au niveau national (7 500 €).

La prééminence de l’administration fait que 62% du PIB de Mayotte est de son fait. À la Réunion, ce taux est de 37% et au niveau national, ce taux est de 26%. Comme toutes les structures du département ne sont pas encore là, la part du public risque d’être importante longtemps. D’autant plus que les investissements pour leur part augmentent faiblement.
Avec 246 millions d’euros en 2011, ils ne représentent que 15% du PIB (25% au niveau national). La progression a surtout été le fait des ménages et des entreprises individuelles. À noter qu’en 2011, il y a eu la grève contre la vie chère et que celle-ci a coupé net les initiatives, même si elle a affecté le dernier trimestre de l’année “seulement”.
Les administrations ont peu investi (-6%), non seulement en raison de la grève contre la vie chère, mais aussi parce qu’à cette date le conseil général, l’un des premiers investisseurs de l’île était en redressement financier.

En revanche les exportations sont bien inférieures aux importations. Pour un euro exporté, on en a importé 18 en 2011. Le déficit des échanges avec l’extérieur s’élève à 460 millions d’euros.

Par ailleurs, même si la valeur ajoutée des sociétés non financières a cru de 50% de 2005 à 2011, sa part reste faible dans la génération de la richesse de Mayotte avec 20% de la valeur totale du PIB (contre 35% à la Réunion et 57% au niveau national). Celle des administrations publiques représente plus de 52% du PIB (18% au niveau national), mais malgré tout, le nombre de fonctionnaires par habitant à Mayotte est inférieur à la moyenne nationale (6 fonctionnaires pour 100 habitants contre 7,2% dans l’Hexagone). Enfin l’INSEE souligne que les entreprises mahoraises participent peu à la production économique de l’île.

Au vu de ces chiffres, Mayotte se situe à mi-chemin entre les pays du Nord et du Sud. Malgré un niveau très éloigné de l’Hexagone et de la Réunion, Mayotte fait partie des îles les plus riches de l’océan Indien occidental. Son PIB est dix fois supérieur à celui des Comores et vingt fois supérieur à celui de Madagascar.
Néanmoins, Maurice rattrape son retard et on observe que les modèles de développement sont totalement différents. Alors que Mayotte dépend des transferts publics venant de l’Hexagone, Maurice se développe grâce à ses entreprises, puisque les dépenses de consommation du service public ne représentent que 13% du PIB mauricien.

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