Face à une démographie galopante qui génère de nombreux problèmes de délinquance juvénile à Mayotte, Omar Djoundy propose une solution toute simple : développer les structures de formation des jeunes : “Aujourd’hui à Mayotte, plus de la moitié de la population totale a moins de 18 ans. Il est donc indéniable que notre île ne pourra pas nourrir tous ses enfants dans les années à venir.
Si l’expatriation d’une partie de nos jeunes vers la métropole est inévitable, elle doit néanmoins se faire dans de bonnes conditions. Les jeunes doivent être convenablement formés professionnellement et c’est à la CMA et au conseil général de se serrer les coudes afin de développer les structures nécessaires à cette formation.”

Les projets d’Omar Djoundy en terme de formation ont commencé à se réaliser avec la création fin 2013 de la première école de boucherie de Mayotte. Elle a pu voir le jour grâce aux efforts conjugués de la CMA, du conseil général, de pôle emploi et de la société SRS de Madame Ida Nel, figure phare de l’économie mahoraise.
Le département métropolitain de la Nièvre a également appuyé ce projet. Cette école ayant reporté un franc succès auprès des jeunes, la préfecture a autorisé l’ouverture de deux sessions supplémentaires qui pourront accueillir près de 60 jeunes de plus.
Omar Djoundy pense que la boucherie est un secteur prometteur pour Mayotte, mais elle souffre actuellement d’un important manque de main d’oeuvre : “Je déplore qu’il n’existe aucune véritable boucherie à Mayotte. C’est un secteur délaissé à tort car il peut permettre la création de nombreux emplois pour les jeunes. En métropole, les écoles forment 5 000 bouchers par an et tous ont la certitude de trouver un emploi en sortant de l’école, notamment dans les grandes surfaces. Il serait donc souhaitable pour le développement de Mayotte d’ouvrir des boucheries dans chaque grande surface afin de permettre aux jeunes qui sortent de l’école de trouver un emploi facilement. Je pense que c’est une piste très intéressante pour l’insertion des jeunes.”

Le président de la CMA aimerait également très prochainement diversifier les activités de cette école en créant une session de poissonnerie et une session de pâtisserie.
Grâce au succès de l’école de boucherie dont la partie pratique a lieu dans les locaux de la SRS, la préfecture a autorisé Omar Djoundy à acheter un appartement dans le quartier des hauts vallons pour y mettre en place l’enseignement théorique. Mais cet appartement est malheureusement trop petit pour accueillir tous les élèves et la proposition d’achat d’un autre appartement, jumelé au premier, est en cours d’étude.

Le président de la CMA aimerait aussi pouvoir créer prochainement une ou plusieurs écoles dans le secteur du bâtiment qui va bientôt manquer cruellement de main d’oeuvre : “Il faut réfléchir sérieusement à une solution pour renouveler la main-d’oeuvre dans le secteur du bâtiment car les artisans mahorais actuels sont pour la plupart âgés et, bien souvent, illettrés.
La plupart vont cesser leur activité dans les années à venir et Mayotte va se retrouver en grave difficulté dans ce domaine.
La CMA étudie donc actuellement le projet de création d’une école de bâtiment. Celle-ci devra au moins comporter un secteur gros-oeuvre, un secteur peinture et un secteur carrelage.” Mais le projet phare de la chambre des métiers et de l’artisanat est la création d’une université régionale des métiers en collaboration avec les Comores et Madagascar.
Cette université comportera un centre de recherche sur les matériaux locaux comme le bambou, la brique de terre, le raphia, le vétiver et le cocotier.
C’est un projet ambitieux qui nécessite un budget d’environ 15 millions d’euros.
Omar Djoundy a sollicité l’aide du conseil général pour le financement d’une partie de ce projet, mais il a aussi et surtout demandé un financement au parlement européen lors du 3ème forum des RUP qui s’est tenu à Bruxelles les 30 septembre et 1er octobre derniers. L’idée a été accueillie favorablement par les députés européens et le projet devrait normalement voir le jour dès l’année 2016.

Le président de la CMA se réjouit que Mayotte soit devenue une RUP, mais il est conscient que cela n’est qu’une aide qui ne doit pas exclure l’implication totale des mahorais dans le développement de l’île : “Les Mahorais doivent se montrer dynamiques et entreprenants pour que le nouveau statut de Mayotte devienne un réel avantage pour notre île.”
Outre le forum qui s’est tenu à Bruxelles, Omar Djoundy a également présenté ses projets de développement pour Mayotte à la 14ème Biennale de la COIREMA qui s’est tenue du 6 au 8 octobre sur l’île de la Réunion. 5 présidents des CMA des départements d’outre-mer et 5 présidents des CMA de métropole ont été réunis afin de former une chambre jumelée qui leur a permis de se rencontrer, d’échanger leurs idées et de discuter de leurs projets respectifs.
Cette Biennale a permis à leur réflexion de s’affiner et à de nouvelles idées de voir le jour. Omar Djoundy a représenté Mayotte lors des différents ateliers de réflexion qui s’y sont déroulés. Le CMA de Mayotte a notamment beaucoup collaboré avec le CMA du département de la Nièvre lors de cette Biennale.

Nora Godeau