Élus le 12 novembre dernier, les nouveaux membres de la chambre de métiers et de l’artisanat font face à une situation financière agonisante. Un cabinet d’experts doit éplucher les comptes depuis 2018 afin de déterminer le portefeuille réel de l’institution, étape indispensable pour recevoir des subventions et sortir la tête de l’eau d’ici la mi-2022.
Mieux vaut avoir les reins solides à la chambre de métiers et de l’artisanat. Depuis le 12 novembre 2021, date de la prise de fonction de ses membres et de l’élection de la présidence, pas un jour ne passe sans qu’une mauvaise surprise ne vienne miner le moral des troupes. La faute à une situation financière à l’agonie. « Le président sortant a dit qu’il y avait suffisamment d’argent dans les caisses », relate Saindou Aboutoihi, le nouveau trésorier. En réalité, le compte bancaire affiche un solde de « seulement » 246.000 euros, bien loin des 600.000 euros annoncés.
Pis encore, l’absence de bilans comptables depuis 2018 n’arrange en rien la découverte de ce pot aux roses. Seule solution pour redresser la barre : faire appel à un cabinet d’experts pour éplucher le cash flow de ces quatre dernières années. Et ainsi dépoussiérer cette « comptabilité masquée » selon l’élu, issu de la liste Avenir des artisans de Mayotte. Les fonds disponibles permettent uniquement le paiement des salaires mensuels, évalués à 60.400 euros.
Une fermeture évitée de justesse
Dans le même temps, des impayés font leur apparition, « au fur et à mesure », sur le bureau de l’équipe en place. Exemple avec cette facture exorbitante, chiffrée à 38.000 euros, chez un opérateur téléphonique. « Nous avons bloqué des transactions, telles que des billets d’avion, que nous ne jugions pas indispensables. Sinon, nous aurions dû fermer la CMA fin décembre. » Difficile dans ces conditions de rémunérer les entreprises intervenues sur le chantier du centre de formation et d’apprentissage. « Nous leur présentons nos excuses et nous leur demandons d’être patientes, nous avons été obligés de faire des choix comptables ! Nous faisons toutes les démarches nécessaires pour débloquer cette situation, mais les procédures administratives sont longues… »
Pour ne rien arranger, la gestion passée empêche la réception de fonds, indispensables au bon fonctionnement de la chambre consulaire. « Le Département a gelé son financement de 590.000 euros pour 2021 », confie Saindou Aboutoihi. Avant d’évoquer la nomination d’un membre de la CMA « pour resserrer les liens » avec la collectivité et « pour jouer la carte de la transparence ». En clair, il va falloir montrer patte blanche pour convaincre les financeurs de mettre la main à la poche. Idem à l’échelle nationale, à l’heure où la présidente, Radhia Oumari, est en pourparlers avec CMA France pour négocier un chèque de 650.000 euros. « Nous devons être en capacité de justifier les sommes qui nous ont été attribuées avant de quémander. »
Selon le trésorier, cette période trouble risque de perdurer au moins jusqu’à la mi-2022. « Le préfet va nous accompagner pour sortir la tête de l’eau. » En attendant l’assainissement des finances, Saindou Aboutoihi balaie les critiques à l’égard du nouveau bureau d’un revers de la main. « Que l’on ne nous qualifie pas d’incapables ! Ce n’est en aucun cas une question de compétences. »