Au centre hospitalier de Mayotte, les heures supplémentaires des agents se comptent en centaines et sont parfois accumulées depuis plusieurs années. Face à cette situation, la direction a décidé de les payer, ce qui représente une somme de plus d’un million d’euros. Certains professionnels de santé, qui auraient privilégié les repos compensatoires, ont manifesté l’absence de choix ce jeudi 27 janvier.
« Nous demandons d’avoir le choix », s’égosille Benjamin, infirmier au centre hospitalier de Mayotte, en dessous des bureaux de la direction. Le devenir des heures supplémentaires accumulées depuis toutes ces années : voilà le nerf de la guerre de la grève de ce jeudi 27 janvier porté par le service Ursec (urgences, réanimation, Samu/Smur, evasan, caisson hyperbare). Alors que les professionnels de santé souhaitent pouvoir bénéficier d’un repos compensatoire, la direction veut les indemniser. Le bilan de cette opération s’élève tout de même à plus d’un million d’euros et concerne plusieurs centaines d’agents. « La direction a décidé de ce versement d’une manière jupitérienne », fustige Zakouoini Hamada, le président de la CFTC. Une attaque balayée d’un revers de la main par Christophe Blanchard, le directeur par intérim. Selon ce dernier, cette décision, prise en concertation avec les organisations syndicales, remonte au mois de septembre.
Et les chiffres en question s’avèrent vertigineux ! Exemple avec Jérôme qui totalise 401 heures pour la seule année 2021. « En sachant que j’ai pris huit semaines pour aller en métropole », précise celui qui est en poste depuis décembre 2019. Une situation causée par des effectifs en dents de scie et des turnovers constants, qui obligent à tirer sur la corde des contractuels pour boucler les plannings. « Nous sommes tellement en flux tendu qu’[ils] changent une dizaine de fois sur le mois. Nous ne pouvons rien prévoir… » Dans ces conditions, les soignants se retrouvent sur les rotules. « Nous aimerions bien avoir un peu de repos après les deux dernières années », souffle Benjamin.
Mais dans cette histoire, au-delà du choix « imposé », une autre problématique rentre en ligne de compte aux yeux des soignants. À savoir, la rémunération de ces fameuses heures supplémentaires. « Elles sont calculées par rapport à l’échelon de l’agent en 2022, donc ceux qui sont chez nous depuis 2014, par exemple, sont gagnants. Et en plus, elles ne sont pas imposables à hauteur de 5 000 euros », détaille Christophe Blanchard, qui ajoute que l’indexation est bel et bien prise en compte.
Un solde tous les six mois
Face à cet enjeu, la direction a décidé un changement radical à partir de cette année pour ne pas générer de compteurs d’heures. « Nous allons mettre en place un solde tous les six mois et les récup’ seront payées si elles n’ont pas été prises au fur et à mesure. Nous allons être au plus près de la gestion des plannings avec les cadres de santé et les ressources humaines. » Cela doit permettre d’offrir au CHM plus de visibilité à court terme, dans l’attente que « la politique d’attractivité commence à porter ses fruits » et « d’éviter les heures supplémentaires ». Et à ce sujet-là, Benjamin a une idée bien précise derrière la tête pour favoriser le recrutement. « Plus tu améliores les conditions d’accueil, plus c’est facile d’embaucher », lâche l’infirmier. Toujours est-il qu’une réunion du comité technique d’établissement doit se tenir mardi prochain pour marquer d’une pierre blanche ce nouveau système. Et avec un tel pactole en poche, il reste la possibilité de prendre du congé sans solde et de s’accorder quelques jours de vacances pour recharger les batteries…