Une nouvelle télévision mahoraise bientôt sur la TNT

La radio associative Chiconi FM a officiellement obtenu l’autorisation de l’Arcom (structure récente issue de la fusion entre le CSA et l’Hadopi) de créer une nouvelle chaîne de télévision locale. Chiconi FM deviendra donc d’ici le mois d’avril Chiconi FM-TV et diffusera ses émissions sur la chaîne 10 de la TNT sur l’intégralité de l’île.

Beaucoup d’habitants de l’ouest de Mayotte connaissent déjà Chiconi FM, qui diffuse ses émissions sur Internet depuis 2013 et sur la fréquence 104.5 depuis 2017. Cette radio associative « œuvre pour l’intégration des nouvelles technologies de l’information et des télécommunications auprès des jeunes », explique Marssel Adolph, son directeur d’antenne. Cette radio à vocation éducative se veut donc au plus près du public. Une télé « expérimentale » issue de cette radio existe déjà depuis 2018 et, en juin 2021, Marssel Adolph a répondu à un appel à projets de l’Arcom (autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) visant à créer de nouvelles chaînes à Mayotte. Son projet a été retenu en même temps que l’autorisation de renouvellement de Kwezi TV. Finaliste également, la chaîne Télémante de Pamandzi, n’a en revanche pas obtenu sa reconduction. Officialisée le 15 décembre 2021, la jeune télé chiconienne espère commencer à diffuser dès avril 2022.

Une continuité de l’offre existante

Cette nouvelle chaîne de la TNT s’inscrira directement dans la continuité des émissions proposées en radio et sur le site internet www.chiconifm.fr. Marssel Adolph a mis en place son projet dès 2013 alors qu’il officiait en tant que comptable pour l’association Tama, devenue Mlezi Maore depuis. « En travaillant là-bas, je me suis aperçu que les jeunes de Mayotte avaient beaucoup plus à dire qu’on ne le pense », révèle-t-il. « Malheureusement, ils n’osent que rarement s’exprimer directement… Ils le font plus volontiers via des productions artistiques, souvent du rap, du chant ou parfois même du théâtre. Les membres de notre association vont à la rencontre de ces jeunes des quartiers prioritaires et s’aperçoivent que beaucoup souhaitent sincèrement s’en sortir. Nous tentons alors de les guider », confie l’homme de radio dont la spécificité est de faire participer directement les jeunes à la conception des émissions. « Nous leur faisons découvrir le matériel et leur expliquons comment il fonctionne », affirme-t-il, tout en précisant que son but est « d’intégrer les jeunes au monde réel et à la société dans laquelle ils vivent ». « Pour cela, il me fallait créer un outil qui les inspire », ajoute-t-il encore.  Mission réussie puisque le coordinateur permanent de Chiconi-FM, Madi Ousseni Ali, est lui-même un jeune que Marssel Adolph a formé de cette manière. « Il a bien accroché avec la radio et j’ai pu le professionnaliser. »

Depuis 2013, Chiconi FM n’a donc de cesse de diversifier ses outils. À travers sa ligne éditoriale axée sur la jeunesse, elle est naturellement aussi très active sur les réseaux sociaux et les plateformes comme Youtube ou Dailymotion. « Être présent sur les ondes hertziennes depuis 2017 était déjà une bonne chose, mais la radio est de moins en moins écoutée de nos jours, d’où ma volonté d’étendre le projet à la télévision », souligne Marssel qui est aujourd’hui enseignant en STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) au lycée de Pamandzi. Toute une carrière dédiée à la jeunesse de Mayotte.

Une passion née à l’adolescence

L’envie de monter un média est cependant née bien plus tôt chez le Chiconien. Au début de ses années de collège, il s’est retrouvé en classe avec Nassuf Djaïlani, devenu depuis un écrivain de renom et c’est ensemble qu’ils avaient monté le journal de leur établissement scolaire. « [Il] est né d’un exercice de mise en place d’un récit que nous avait donné l’un de nos professeurs », se souvient Marssel, collégien dans les années 90. « Depuis, j’ai toujours eu envie d’informer et de diffuser. » Pourquoi dans ce cas-là ne pas avoir entrepris d’études de journalisme ? « J’ai toujours été plutôt matheux et j’avais un esprit technique, j’ai donc préféré me tourner vers un Master d’AES (Administration Economique et Sociale) », explique le quadragénaire qui a quand même pu finalement réaliser son rêve de jeunesse.

S’inscrivant dans la dynamique de sa commune, il collabore aussi étroitement avec le festival Milatsika, qui a lieu tous les ans au mois d’octobre à Chiconi. « Les jeunes talents que nous allons chercher n’ont pas encore le niveau pour participer directement au festival, mais notre radio organise des actions autour de cet évènement de manière à les initier au monde de la musique professionnelle », indique-t-il. Éducation, culture et professionnalisation sont donc les maître-mot de cette radio qui, en ajoutant une chaîne de télévision à son arc, rencontrera sans doute encore davantage de succès, orientant les jeunes talents vers une éventuelle future carrière. « Le but est de leur montrer qu’il y a un avenir derrière ce qu’ils font ! »

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