Au moment des faits, la victime n’avait que 14 ans. Ce jeune garçon originaire du même village que son présumé violeur vit depuis des années en France. S’il a décidé de briser le silence, c’est pour dit-il éviter que d’autres enfants ne subissent le même calvaire que lui. Un acte qui a valu à ses proches restés au pays une avalanche de menaces.
Sur Facebook, on ne parle que de la vidéo de Khaled Simba. Ce nom ne vous dit rien peut-être. Pourtant, depuis deux semaines, il tourne en boucle sur la toile comorienne. Et pour cause, ce jeune a fait des révélations fracassantes. Il a accusé une grande personnalité du football comorien de « viol ». Fait rarissime pour être souligné. Dans la mesure où les histoires d’agression sexuelle et de viol sont tabou dans la société. Et surtout, parce que non seulement la personne incriminée est un baobab du monde sportif très respecté, mais il est également un enseignant à l’Université des Comores. Aujourd’hui, l’affaire continue à faire grand bruit notamment en raison du statut du présumé violeur qui n’est rien d’autre que Youssouf Ahmada alias Dakota. Ce dernier aurait abusé de Khaled Simba, son neveu alors qu’il était seulement âgé de 14 ans. Son témoignage glaçant et poignant publié sur son mur Fb, suscite indignation et en même temps un élan de solidarité. » Je sais que des menaces haineuses vont s’abattre sur moi. Mais le plus important, est de le dire. Je ne vais plus me taire. Plus de 20 ans à essayer de me reconstruire, de me taire avec ce fardeau. Je ne veux plus continuer. J’ai essayé d’éviter qu’on ne lui confie pas de responsabilités sans succès« , a lancé, le visage submergé par l’émotion. Selon lui, les faits se seraient produits il y a 20 ans. A cette époque, Dakota qui s’est toujours investi dans le développement du sport de son village, Mitsoudje encadrait les jeunes. Il était à la fois entraineur et éducateur, a confirmé un habitant de la localité. Il fut aussi directeur technique national de la fédération comorienne de Football. Sa mission consistait à planifier les formations des entraineurs selon leurs besoins. Et se chargeait du recrutement des jeunes pépites. Mais il y a une semaine, on l’a nommé entraineur d’Elan Club.
Pas la première fois
Avant d’en devenir coach, il avait dirigé le centre de formation de cette équipe avec laquelle il a gagné pas mal de trophées. » A chaque fois que je vois des gens lui confier des enfants, ça me rappelle ce que j’ai vécu. Un entraineur censé m’éduquer. C’est mon oncle qui a abusé de moi. Le cousin de ma mère. Au lieu de ça, il a profité de ma faiblesse, quand j’étais en manque de repères. Il vous revient à vous la communauté. Personne ne pourra m’empêcher de parler. J’ai essayé d’éviter qu’on ne lui confie pas de responsabilités sans succès« , a poursuivi Khaled qui a révélé avoir songé à abandonner ses études après cet épisode. Installé en France, Simba reproche à son village de n’avoir rien fait pour le protéger encore moins les autres jeunes victimes des agissements de Dakota. Pour le moment, aucune autorité n’a réagi. Silence radio à l’Université des Comores où enseigne cet expert-comptable encore moins dans le monde sportif. Des coachs ont juste tenu une conférence de presse vendredi pour vanter les qualités humaines, le côté sociable de leur collègue. Le lendemain, un collectif de parents qui soutient Khaled a organisé de son côté un point de presse samedi à Mitsoudjé, qui est aussi le village du président Azali Assoumani. Les conférenciers révèlent que ce n’était pas la première fois que Dakota est visé par des accusations d’agressions sur des mineurs. Ils estiment donc que la vidéo de Khaled peut servir de preuve et invite ainsi sa famille à porter plainte. Selon des témoignes recueillis auprès d’une organisation qui lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, les proches de la victime font déjà l’objet de menace. Le parquet va-t-il s’auto saisir et ouvrir une enquête ? On le saura.