Posés depuis une semaine à Koungou et à Pamandzi, de nouveaux filets de ramassage de déchets ont été relevés ce jeudi 20 janvier. Une action portée par le Parc naturel marin de Mayotte, en lien notamment avec les entreprises Pollustock et Enzo Recyclage, qui pourrait s’étendre sur l’ensemble des communes du territoire à partir de 2023.
Les déchets ? Quelle plaie ! Pour lutter contre la pollution du lagon de Mayotte, le Parc naturel marin et ses collaborateurs ont imaginé un “pansement”. Des filets en polyéthylène conçus par l’entreprise Pollustock, basée dans les Alpes-Maritimes. Avec une capacité de trois mètres cubes, il aura suffi d’un seul épisode pluvieux pour remplir les mailles de ces dispositifs installés la semaine passée. Après quelques réglages techniques du camion benne d’Enzo Recyclage pour soulever le contenu du filet, le constat est sans appel : pas moins de 3.2 tonnes de déchets ont été récoltés en quelques heures.
“C’est un pansement par rapport à une situation qui ne devrait pas exister !”, affirme Fanny Cautain, chargée de mission communication et sensibilisation au sein du Parc naturel marin. Canettes, bouteilles, sacs plastiques… Les deux filets placés respectivement à Koungou et à Pamandzi attrapent les matières non biodégradables. De quelques mois à plusieurs milliers d’années, ces objets indésirables jouent de manière négative sur l’ensemble de la chaîne alimentaire. D’abord dans les cours d’eau puis dans l’estomac des poissons, les déchets viennent finir leur course dans l’assiette des Mahorais. “100% des animaux marins que nous avons disséqué à la suite d’échouages avaient des microplastiques, voire même des pelotes de matières plastiques dans leurs organismes”, explique Annabelle Djeribi, directrice déléguée adjointe du parc marin. De quoi couper l’appétit !
Des eaux et débats
Financé par la section recherche et développement du plan France Relance à hauteur de 1.2 million d’euros, ce projet regroupe l’achat, la conception, la pose et le relever les filets. Debout devant l’ouvrage situé dans le centre de Majicavo Koropa, Mounirou Ahmed Boinahery, le directeur général adjoint des services à la mairie de Koungou, rappelle l’importance de la gestion des déchets, en particulier dans les quartiers informels. “Il est important de mettre en place des solutions adaptées pour que chacun ait la possibilité d’accéder à des bacs poubelles.”
Mais cette innovation ne fait pas toujours l’unanimité. Les riverains restent dubitatifs face à cet immense récupérateur à ordures. “Récolter les déchets, c’est bien, mais j’ai peur que lorsque des encombrants dévaleront le lit de la rivière, celle-ci ne soit totalement obstruée, et que l’eau inonde nos maisons”, s’inquiète Asma*. Des remarques que les différents acteurs liés au projet ne manquent pas de noter afin d’effectuer un travail à l’écoute et dans l’intérêt des habitants.
Une première à Mayotte
Si le projet n’en est qu’à sa phase de test, les différents acteurs mobilisés espèrent obtenir des résultats concluants et étendre le dispositif aux autres cours d’eaux de l’île. “À partir de 2023, les communes seront autonomes dans la gestion des filets et l’enlèvement des déchets”, précise Annabelle Djeribi. En attendant, les mairies peuvent compter sur le soutien du Parc marin et de l’équipe d’Enzo Recyclage pour gérer ces nouveaux outils de dépollution. Un petit geste à l’échelle du territoire qui pourra, on l’espère, faire changer durablement les mentalités…
* le prénom a été modifié