Si les investigations se poursuivent dans l’espoir d’interpeller les fauteurs de trouble à l’origine du week-end agité sur Koungou et Majicavo, le procureur de la République, Yann Le Bris, loue l’investissement quotidien des forces de l’ordre pour maintenir tant bien que mal l’ordre public et en profite pour s’interroger sur la problématique sociétale de ces affrontements permanents. Entretien.
Flash Infos : L’absence de gardés à vue après le nouvel épisode de violences vécue sur Koungou et Majicavo ne met-il pas en lumière le déficit d’enquêteurs sur le territoire ? Ou bien la difficulté est-elle de se retrouver face à une majorité de mineurs ?
Yann Le Bris : Que ce soit des mineurs ou des majeurs, les services de gendarmerie procèdent de la même manière ! La difficulté principale consiste simplement à recueillir suffisamment d’éléments à charge, ce qui n’est pas encore le cas à ce stade de l’enquête. Pour autant, je ne dirais pas que nous soyons confrontés à un manque de moyens. Nous avons davantage un problème de gestion de l’ordre public. Le schéma d’intervention des gendarmes mobiles, dont la mission est de sécuriser les biens et les personnes, n’est pas un schéma judiciaire d’interpellation en vue de sanctions. Nous ne sommes pas dans cette logique immédiate… L’objectif premier se résume plutôt à tenir à distance les groupes d’opposants !
FI : Justement, la population a surtout l’impression que ce schéma se répète inlassablement, notamment sur Koungou, une commune coutumière de ces faits…
Y. L. B. : Aujourd’hui, vous me parlez de Koungou, mais vous auriez pu évoquer Chirongui ou Mamoudzou. Les conflits entre villages, comme Passamaïnty et Vahibé ou Miréréni et Combani, sont permanents… Cela fait des années que ces affrontements entre quartiers durent ! Les services de gendarmerie interviennent partout et tous les soirs pour maintenir la paix publique. Ce n’est pas uniquement un focus qui doit être fait sur Koungou. C’est une problématique générale qui n’est pas judiciaire, mais bel et bien d’ordre public. Je ne remets pas en cause les modalités de fonctionnement de la gendarmerie, car c’est extrêmement complexe. Ils font au mieux pour éviter des drames quotidiens…
FI : Cela fait tout juste un peu plus d’un an que vous avez pris vos fonctions dans le 101ème département. Comment analysez-vous le niveau d’insécurité sur le territoire ?
Y. L. B. : Comme je le disais, les conflits sont assez réguliers avec des intensités plus ou moins fortes. Mais encore une fois, ces problématiques sont permanentes et ne sont pas imputables aux gendarmes ou à la limite des moyens déployés ! Il s’agit ni plus ni moins d’une problématique de territoire.
Pourquoi ces conflits ne s’apaisent-ils pas ? Pourquoi les interpellés sont-ils en incapacité de justifier leurs actes, si ce n’est qu’ils sont animés par un esprit de vengeance ? Pourquoi les jeunes adhèrent à ce type de comportements sans connaître les raisons initiales ? C’est un travail de compréhension des ressorts et des mécanismes de ces affrontements… Nous, nous ne sommes que des intervenants périphériques.