Le collectif des habitants de Kangani vient de lancer une pétition pour alerter sur l’exploitation d’une carrière de roches par Vinci. Un projet qui aurait pour conséquence le doublement du nombre de camions dans le village alors qu’une route de contournement est promise par la préfecture et la mairie de Koungou depuis plusieurs années.
« Les habitants sont résignés et considèrent que cela ne sert plus à rien de se battre. » À Kangani, la population vit au rythme des balais infernaux des camions et de la poussière quotidienne. Et depuis trois semaines plane la rumeur de voir Vinci « forcer le passage » du village en vue d’exploiter une carrière de roches. Pourtant, les services de l’État – préfecture et direction de l’équipement en tête – avaient promis en 2002 une nouvelle voie de contournement pour éviter ce désagrément. Un engagement réaffirmé en août 2020 après la signature d’un protocole d’accord. « Nous avons jusqu’au 12 décembre pour nous manifester. Après cette date, le dossier sera validé », interpelle Mathieu Lefevre, membre du collectif des habitants de Kangani à l’origine d’une pétition adressée le 29 novembre à Thierry Suquet, le délégué du gouvernement.
Le courrier en question rappelle la réglementation pour contrebalancer l’avis de mise à disposition. « Le plan d’aménagement durable prévoit que tout nouvelle carrière soit desservie directement par une voirie de niveau national ou départemental et ne pourra être située en continuité d’une zone d’habitat existante ou future. Quant au plan local d’urbanisme de la ville de Koungou, celui en vigueur prévoit textuellement que sont interdites dans la zone l’ouverture ou l’utilisation de carrières ainsi que les affouillements et les exhaussements du sol. »
350.000 tonnes par an
Or, toujours selon le citoyen, Vinci envisage avec ce projet de concasser 350.000 tonnes de granit par an. Une activité similaire à celle d’IBS, qui aurait pour conséquence de porter à 300 le nombre de poids lourds en circulation chaque jour. « Quand deux camions se croisent, il n’y a plus de place pour personne…Même le piéton peut se faire écraser. » À travers ces chiffres, Mathieu Lefevre espère éveiller les consciences. Seul hic : les signataires ne se bousculent pas au portillon ! « Il ne faut pas attendre qu’un drame se produise pour réagir ! » En coulisse, les villageois ne comptent pas rester les bras croisés pour autant. En effet, une action coup de poing serait en préparation pour jeudi prochain.
En attendant une réaction de son voisinage, le farouche opposant reste en alerte. « Il est incompréhensible que ce dossier ait été traité dans le plus grand secret. En faisant bénéficier d’un tel traitement au projet de Vinci, cela revient à condamner la sécurité, la santé et le bien-être des habitants de Kangani. » Suffisant pour pousser les principaux concernés à faire machine arrière ? L’avenir le dira.