Le 1er décembre marque la journée mondiale de lutte contre le Sida. Les actions de sensibilisation se multiplient sur l’île, et les différentes associations et l’agence régionale de santé y ont mis les moyens. Cette mobilisation est nécessaire puisque malgré les actions de prévention qui se répètent chaque année, les chiffres à Mayotte ne sont pas rassurants.
C’est entre deux cours que Souraya décide de se faire dépister pour savoir si elle porte ou non le VIH. Âgée de 19 ans, elle se rend donc au stand installé devant le centre hospitalier de Mayotte et s’adresse à l’une des deux infirmières mobilisées pour l’occasion. Après quelques échanges sur sa sexualité, place à une piqûre sur le doigt. Cinq minutes plus tard, le résultat tombe : négatif ! Si elle en était pratiquement persuadée, la part de doute l’a poussée à passer le cap. « La plupart du temps, nous fréquentons des gens sans savoir s’ils prennent des risques ou pas, donc j’ai préféré me faire dépister », confie-t-elle. En se faisant dépister, Souraya se responsabilise ! Malheureusement, toute sa génération n’est pas aussi soucieuse de sa santé qu’elle peut l’être. La faute aux mentalités qui évoluent lentement à Mayotte. « Je ne pense pas que nous soyons assez sensibilisés sur ce sujet, car il est encore tabou chez nous. Nous avons du mal à parler de cela dans les familles alors que c’est très important, il vaut mieux prévenir et être en bonne santé », ajoute-t-elle.
Pour que la parole se libère et que chacun soit conscient des risques liés aux maladies sexuellement transmissibles, des actions de prévention s’organisent sur l’ensemble de l’île ce mercredi 1er décembre, synonyme de journée mondiale de lutte contre le Sida. Principale cible des associations : les jeunes. « Ils connaissent les risques du VIH, ils en parlent entre eux, mais il faut toujours rappeler l’importance du préservatif parce que dans un moment de plaisir, nous avons tendance à l’oublier », selon Raysate Abdallah, chargée en santé sexuelle et reproductive à la Croix Rouge française.
Le dépistage, le maillon faible à Mayotte
Malgré les actions de prévention, les chiffres à Mayotte ne sont pas bons. Actuellement, 350 patients atteints du VIH sont suivis par le CHM. Autre chiffre préoccupant : celui du nombre de positifs sur 1.000 testés. « Nous sommes à 2.7 positifs sur 1.000 sérologies réalisées, nous sommes au-dessus du niveau national, à l’exception de l’Île-de-France et de la Guyane qui ont les taux les plus élevés », informe Mohamadou Niang, infectiologue au CHM. Mayotte est donc la troisième région de France la plus touchée par le VIH, par rapport aux nombre d’habitants.
Et selon les professionnels, les mentalités sont une nouvelle fois la cause. « La culture est un frein, et le niveau d’études aussi puisqu’il intervient dans la compréhension de la maladie », affirme le docteur. À cela s’ajoute le dépistage, qui est « le maillon faible à Mayotte ». Pourtant, les moyens de dépistage sont bien présents sur l’île. Il existe la prise de sang, mais aussi les tests rapides que l’on peut faire dans certaines associations ou dans les dispensaires. Il y a également les autotests disponibles en pharmacie, qui coûtent environ dix euros. « Le prix est un frein c’est sûr, mais les pouvoirs publics peuvent les acheter et les donner gratuitement à la population pour se faire dépister », argumente l’infectiologue. Ceux qui le veulent peuvent déjà avoir des préservatifs gratuits disponibles dans les quatre coins de l’île et mis à disposition par l’agence régionale de santé.
La 5ème édition de Selfise ton préservatif est lancée
Comme chaque année depuis cinq ans, l’association des étudiants et des jeunes de Mayotte organise le concours « Selfise ton préservatif » destiné aux 15-25 ans. Le but est de sensibiliser les jeunes sur l’utilisation du préservatif. Il faut se prendre en photo, proposer une phrase pour faire passer un message et poster le tout sur les réseaux sociaux avec le hashtag #SelfiseTonPréservatif. Les participants ont jusqu’au 10 février pour envoyer leurs photos et les gagnants seront connus le 14 février. Ils seront déterminés par un jury qui s’appuiera sur le message véhiculé et sur le nombre de like.