Chiens errants : aucune plainte déposée

La condition des chiens errants fait décidément couler beaucoup plus d’encre que celle des humains. C’est le triste constat que l’on peut tirer suite à la publication en Une de l’un de nos confrères, d’une photo d’un chien pendu dans la commune de Koungou. Selon le journaliste, plusieurs animaux errants auraient subi le même sort, les habitants étant excédés par les dégâts causés et la menace que représentent ces animaux abandonnés par leurs maîtres et dont le comportement est incontrôlable. Il n’en fallait pas plus pour que les journaux réunionnais et même métropolitains en fassent leurs choux gras, Mayotte étant une nouvelle fois présentée sous un jour peu enviable.

Une nouvelle fois, le lobby pro-animal s’insurge contre le mauvais traitement des animaux et précisément des chiens sur notre île. Sur les réseaux sociaux, on ne compte plus les dérapages qui appellent à faire subir aux auteurs des faits le même sort qu’à ces animaux, sans parler des propos racistes qui vont bon train.

Certes, la maltraitance, la torture et la cruauté envers les animaux sont des délits punis par la loi. On se souvient à ce titre d’un jeune métropolitain condamné à un an de prison ferme pour s’être mis en scène sur les réseaux sociaux, torturant un chat, il y a quelques mois.

Il est donc important de rappeler que ce type d’acte est passible de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende.

À Mayotte, la situation n’a laissé personne de marbre, tout le monde a été choqué par cette vision d’horreur d’un chien pendu à un poteau en pleine rue. Mais il va de soi qu’au vu des problématiques auxquelles doit faire face le département, le sujet des animaux errants n’est pas une priorité.

Un peu partout sur l’île, les meutes de chiens hurlent à la mort la nuit, coursent les scooters et effraient les piétons. Les habitants qui se sont plaints ne peuvent que déplorer le manque d’action des forces de l’ordre qui ont déjà à faire face à une délinquance grandissante.

Quelques actions ont été menées par la gendarmerie dans la commune de Koungou justement pour tenter d’enrayer le problème des animaux errants. Une vingtaine de chiens ont ainsi été attrapés et piqués, le chiffre est dérisoire. Mais là encore, les associations de défense des animaux s’indignent du sort réservé à ces bêtes, en partie revenues à l’état sauvage. Elles souhaiteraient que des chenils soient ouverts dans les communes et que les chiens y soient parqués.

À l’heure où l’on doit faire face à des milliers d’enfants livrés à eux-mêmes, mendiants près des grandes surfaces, vivant dans des conditions indignes et qui présentent parfois des pathologies gravissimes, il est compréhensible que la population ne soit que peu choquée par le sort de chiens errants.

Mais c’est sans compter sur l’importance de ce lobby pro-animal et du réseau des associations – One Voice ou Brigitte Bardot au niveau national – qui affirment avoir l’intention de porter plainte contre X pour acte de barbarie. Une lettre ouverte aux ministres, parlementaires, députés, maires et sénateurs circule également sur Internet appelle au boycott du tourisme à Mayotte tant que les autorités ne mettront pas fin à ces actes de barbarie. Des menaces, mais pas de réelles actions. Le procureur Joël Garrigue affirme n’avoir pour l’heure reçu aucune plainte, et n’avoir d’autre élément que la photo de l’animal pendu qui a circulé sur la toile, aucune enquête n’a donc démarré.

M.C.

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