Du 22 au 29 novembre 2021, à Ironi Bé, avait lieu la première phase de la résidence documentaire organisée par l’association Mayotte Film Office en partenariat avec son homologue, Cinéastes, de La Réunion. L’objectif de ce dispositif ? Développer, structurer et soutenir la filière professionnelle du cinéma à Mayotte tout en favorisant l’émergence des talents mahorais.
Silence ça tourne ! Si pour l’instant, les documentaristes en herbe n’en sont qu’à la phase d’élaboration de leur projet, ce sont leurs méninges qui tournent à plein régime. “Je me suis essayé à toutes les formes d’écriture, sauf l’écriture documentaire. Il manquait cette corde à mon arc !”, s’amuse l’auteur mahorais, Nassur Attoumani. Comme lui, quatre autres personnes issues de milieux professionnels divers ont participé à cette résidence cinématographique du 22 au 29 novembre.
Danse, histoire, culture… Les thématiques des futurs documentaires sont à la fois très différentes et éminemment liées au territoire de l’île aux parfums. “Je suis né et j’ai grandi en France hexagonale. Mais depuis 16 ans, je vis et travaille à Mayotte, terre de naissance de mes parents, grands-parents et de mon dernier frère. Aujourd’hui, je m’interroge sur l’identité mahoraise. Qu’est-ce qu’être Mahorais ? Et plus particulièrement quelle est ma place ici ? Dans un lieu qui parfois me semble étranger et familier à la fois. Est-ce chez moi ?”, se questionne le journaliste Faïd Souhaïli. D’abord sur papier puis derrière la caméra, il sera amené à raconter en image l’histoire de ce territoire de l’océan Indien qui signifie tant pour lui.
Une formation de qualité
Encadrés par les professionnels du cinéma, Chantal Richard et David Constantin venus de métropole et de l’île Maurice, les élèves ont suivi un atelier d’écriture documentaire de huit jours. À la suite de cela, ils s’engagent pour une période de six semaines d’inter-résidence constituée d’enquêtes de terrain, nécessaires pour approfondir leurs projets et chapeautées à distance par leurs formateurs. Enfin, une seconde résidence de dix jours attend les futurs documentaristes. L’objectif ? Participer à une session de pitchs devant des producteurs locaux et régionaux. Un saut dans le grand bain destiné à clôturer le dispositif et à engager le processus de mise en production des documentaires.
Financé et soutenu par le ministère chargé de la Ville, la préfecture de Mayotte via la direction de la politique de la ville et des affaires culturelles ainsi que la Scam (société civile des auteurs multimédia), le programme est entièrement gratuit pour ses participants. Il a lieu seulement dix jours après une autre résidence artistique dédiée quant à elle au cinéma de fiction et qui avait accueilli huit apprentis.
Rendre à Mayotte ce qui est à Mayotte
En offrant la possibilité à des auteurs mahorais de se former au documentaire, ceux-ci pourront par la suite donner à voir au monde entier toute la richesse de ce petit territoire souvent méconnu. Bien loin des clichés qui peuvent être véhiculés par des cinéastes qui ignorent tout de l’île aux parfums, les auteurs-réalisateurs pourront apporter toute leur expertise sur l’environnement culturel, humain et naturel de Mayotte. De beaux projets aussi typiques qu’inédits et que l’on espère voir bientôt fleurir au pays de l’ylang-ylang.