« Le second tour est une autre élection. » Cette phrase a été entendue à de nombreuses reprises hier et avant-hier dans la bouche des qualifiés pour le second tour des municipales.
Ils ne croient pas si bien dire puisqu’il leur était possible de modifier les listes en cas de partenariat entre deux partis différents.
La plupart des maires sortants sont dans une position délicate, voire compromise. C’est le cas notamment d’Ibrahim Amedi Boinahery à Tsingoni. Arrivé en deuxième position au premier tour (35,25 %), il a fait l’unanimité contre lui puisque Kira Bacar Adacolo (éliminé) et Ahmed Rama (qui s’est retiré) ont affiché leur soutien pour le candidat UMP Bacar Mohamed.
Sauf surprise, l’UMP reprendra la mairie dimanche prochain.
Le sénateur-maire Abdourahamane Soilihi « Ladjo » est également en ballottage défavorable.
Comme souvent, l’UMP n’a pas réussi à nouer des alliances. Au contraire, trois listes, celles de Bacar Ali Boto (l’Ame), du Rassemblement (menée par Mohamed Majani) et le MDM ont durement négocié pour fusionner.
Avec un score potentiel de 46 %, elle a de quoi être confiante pour la triangulaire qui l’opposera à l’UMP (23,08 %) et à l’UPRM de Chihabouddine Ben Youssouf (23,32 %).
Autre maire en danger et on s’y attendait moins, c’est Ahamada Fahardine à Bandraboua.
Celui-ci a raté l’élection au premier tour de 70 voix, ce qui a peut-être forcé la liste Union des forces vives et celle de l’UDI et du Nouveau Centre à fusionner. La bataille sera rude puisque si on reporte le score des deux listes opposées au maire actuel, celui-ci serait battu.
Même cas de figure à Ouangani, le maire UMP Ali Ahmed-Combo a raté l’élection au premier tour de peu (48,1 %). Les deux autres listes ont donc réuni leurs forces pour tenter de le renverser.
L’issue paraît incertaine, mais Attoumani Harouna conserve des chances d’accéder au poste de premier magistrat de la commune.
À Dembeni, Soihibou Hamada a été devancé par son prédécesseur Ambdi-Hamada Jouwaou (35,86 % contre 38,36 %). Il n’y a rien de rédhibitoire, mais les réserves de voix semblent faibles pour le maire sortant. Le candidat dissident UMP Rachadi Saïndou a maintenu sa liste bien qu’il n’ait aucune chance de l’emporter (10,82 %). En fait, le véritable arbitre sera la liste de Maoulida Soula. Celui-ci a décidé de se retirer. Si le maire actuel promet de le maintenir en tant que délégué de la commune au Sieam, Soihibou Hamada pourrait avoir des voix salvatrices nécessaires à son élection.
Hanima Ibrahima se retrouve dans la même situation à Chirongui. Largement en tête avec plus de 40 % des voix au premier tour, elle devra affronter la liste de l’UMP Adams Ridjali.
Bien qu’il n’ait recueilli que 30,71 % des voix, le fait que la droite solidaire d’Abdoulkarim Soulaïmana ne se soit pas maintenue malgré ses 20 % peut signifier qu’elle n’a eu d’accord avec aucune liste et qu’elle laisse le choix à ses électeurs.
À charge pour Adams Ridjali de refaire son retard en capitalisant sur ces voix.
L’incertitude est identique à Mtsangamouji. Issouf Madi Moula, le maire sortant a réalisé un score semblable à la liste de Saïd Maanrifa Ibrahim (35 %). L’UDI et l’UDM de Ouirdani Vita se sont retirées. C’est dans cet électorat-là qu’il faudra puiser pour l’emporter.
Quelques listes au pouvoir ont réussi à tirer leur épingle du jeu malgré cette chasse au maire sortant. C’est le cas notamment de liste menée par Mahafour Saïd Ali, 1er adjoint de Ramlati Ali à Pamandzi, de l’UMP Ishaka Rachidi à Mtzamboro, et d’Assani Saïndou Bamcolo à Koungou. Ils ont le point commun de ne pas avoir pu nouer d’alliances, mais aussi de ne pas avoir vu leurs adversaires se fédérer contre eux.
À Pamandzi, un accord était proche entre la liste MDM et la Kazakoma d’Ousseni Maandhui, mais les militants ne l’ont pas entendu ainsi. Pour ne pas avoir su s’entendre, ces deux listes font de la liste Génération ya Mayécha ya Pamandzi de Mahafour Saïd Ali, la grande favorite de ce second tour. GM a largement devancé le MDM et Kazakoma (38 % contre 22 %) et on ne voit pas comment elles pourraient refaire leur retard à moins que l’une d’entre elles ne récupère toutes les voix des éliminés du premier tour.
À Mtzamboro, rien n’est fait pour Ishaka Rachidi, mais le maintien de Laïthidine Ben Saïd, dissident MDM (16,77 % au premier tour) est un handicap sérieux pour son principal concurrent le MDM Harouna Colo. Il peut espérer grappiller les voix du FN qui s’est retiré sans donner de consignes de vote.
À Koungou, Assani Saïndou Bamcolo, arrivé largement en tête au premier tour (22,29 %), a une légère marge de manoeuvre. Une quadrangulaire s’annonce pour dimanche et un seul de ses adversaires est en mesure de le rattraper.
La liste Walezi d’Anlimou Souffou Kassim a fusionné avec celle d’Ahmed Souffou, prédécesseur et ancien colistier du maire Bamcolo en 2008, mais l’addition des scores du premier tour est encore inférieure de 2% à celle de l’UDA CK. Cette alliance sera le principal danger pour l’équipe sortante, puisque les deux autres listes, celles du conseiller général Saïd Ahamadi Raos et celle de l’UMP ont fait moins de 16 % au premier tour. Sidi Hamada-Hamidou, qui s’est retiré sera l’arbitre de ce second tour, avec une réserve de voix de 10 %.
Enfin, dans trois communes, les équipes sortantes ont été balayées. Bouéni, Kani-Kéli et Chiconi verront à coup sûr des équipes nouvelles arriver au pouvoir. Mirhane Ousseni à Bouéni a une longueur d’avance (37,23 %).
Mais si les reports de voix se font en faveur de Mouslim Abdourahaman (25,12 %), celui-ci pourrait remporter la timbale. Le MDM de Cheik-Ahamed Houssene (12 %) et de l’ancien maire Hamada Ali Hadhuri (17 %) peuvent donc orienter le vote.
À Chiconi, les choses se joueront entre l’UMP de Zaïnoudine Antoyissa (44,72 %) et la liste Outifaki de Bacar Saïndou (38,47 %). La liste UDI-PS d’Anli Anrifadjati ne se maintient pas.
Ses voix qui représentent près de 17 % seront donc à dispatcher sur les deux listes précédentes puisque la tête de liste n’a donné aucune consigne de vote.
Quant à Kani-Kéli, l’accord scellé entre le MDM et l’UMP semble ouvrir les portes de la victoire. Ahmed Soilihi et Abdourahamane Ravoay rassemblent à eux deux plus de 48 % des voix. En prenant des voix chez les éliminés du premier tour, elle pourrait faire barrage à la liste d’Assani-Soufiane Ayouba, ancien premier adjoint d’Ahmed Soilihi, tombé dans la sphère UDI.
La campagne a débuté dès hier soir, il reste encore quelques jours pour convaincre les Mahorais de donner leur vote aux listes en lice.
F.S.
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