Le clip intitulé « deuxième acte » sorti il y a dix jours fait couler beaucoup d’encre. On y voit des jeunes hommes et des femmes d’un certain âge arborer fièrement des armes blanches. Si certains dénoncent un appel à la haine, l’interprète de la chanson réfute ces accusations et ne comprend pas le manque d’indulgence de l’opinion publique.
Il avait fait parler de lui lors de la sortie de son premier clip il y a sept mois, qui comptabilise à ce jour près de 200.000 vues. Djiha revient sur le devant de la scène avec son nouveau clip, encore plus provocateur. Sorti il y a dix jours, « Deuxième acte », qui dépasse les 45.000 vues, est le nouveau projet musical du chanteur en herbe originaire de Miréréni.
Depuis, le clip essuie les critiques négatives puisqu’il met en scène des jeunes tenant fièrement des couteaux, haches, et autres armes blanches. Mais ce qui interloque particulièrement est la présence des femmes qui jouent le jeu et imitent les jeunes avec des armes blanches. Selon Djiha, il s’agit de mères en colère qui ont voulu participer au tournage. « Je sais que beaucoup de gens veulent donner une mauvaise image de ces mamans alors qu’ils ignorent la réalité. L‘une d’entre elles a une douleur immense, son fils a été blessé au pied à Combani. Il est devenu handicapé à cause de ça et ça l’attriste. Cette mère est en colère et c’est sa manière de le montrer, mais elle ne ferait jamais de mal à une mouche », assure le jeune homme.
Ce nouveau clip se veut en réalité une réponse pour les jeunes de Combani qui en auraient aussi tourné un, visant ceux de Miréréni. Djiha l’assume pleinement, il s’agit d’une riposte qu’il veut menaçante. « Ils ont fait une chanson pour nous provoquer, donc je devais répondre. Ce n’est pas du tout pour faire la paix, c’est pour sauver notre honneur », lance-t-il. Ce dernier refuse cependant d’être catalogué comme un délinquant. « J’ai mis des chombos dans mon clip parce que c’est la mode en ce moment à Mayotte, non ?! Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas comme ça, je ne fais de mal à personne. On a juste fait ça pour s’amuser », rétorque le jeune chanteur. Le rameau d’olivier ne sera pas pour maintenant visiblement…
« À Miréréni, on est discriminés »
Djiha est parfaitement conscient des vives critiques à son encontre, mais il les essuie d’un revers de la main. « Chacun est libre de dire ce qu’il veut, mais je me fiche de ces commentaires. Je ne veux même pas répondre à ces gens », indique-t-il avec nonchalance. Il ne veut pas non plus entendre parler de réconciliation lorsqu’il s’agit des deux villages de la commune de Tsingoni. « Certains veulent la paix entre nous deux, mais c’est une grande ambition ! Je ne pense pas que ça arrivera un jour. »
Pour qu’il y ait une entente entre les deux camps, encore faudrait-il connaître l’origine du problème… Et à l’image de nombreux jeunes de Miréréni et de Combani, Djiha ignore pour quelles raisons ils se battent depuis des années. Il est seulement persuadé que son village est délaissé par les autorités. « À Miréréni, on est discriminés. Il n’y a rien, aucun projet n’est fait chez nous. Pour acheter la moindre chose, on doit aller jusqu’à Vahibé. On ne peut pas aller à Combani parce qu’on se fait agresser, on est fatigués », admet-il dans un moment d’émotion. Les affrontements à répétition entre les deux villages seraient-ils un appel au secours ? L’hypothèse n’est pas exclue, mais elle mérite que les autorités compétentes se penchent réellement dessus puisque certains jeunes ne demandent qu’à s’en sortir, à l’exemple de Djiha. « Je suis allé à l’école et j’ai eu mon bac, mais ensuite je ne savais pas quoi faire », raconte-t-il. À 20 ans, il est aujourd’hui sans formation ni emploi et met tous ses espoirs dans la musique. « J’espère en faire mon métier parce que je ne me vois pas faire autre chose. Malheureusement, je n’ai personne pour m’encadrer, je me débrouille tout seul », dit-il. L’avenir nous dira si Djiha fera tout pour réussir dans ce domaine ou si cela ne restera qu’un rêve.