La chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte organise sa cinquième édition du « mois de l’ESS » en novembre. Plusieurs manifestations auront lieu dans différentes communes du territoire pour permettre au public d’assimiler ce concept. La Cress devra également composer avec la 4ème édition du salon de l’entrepreneuriat au féminin qui se tiendra ce mercredi 3 novembre à Coconi et qui a pour objectif d’inciter les femmes à devenir des cheffes d’entreprise au même titre que les hommes.
Un mois pour parler de l’économie sociale et solidaire, vulgariser le concept et le rendre plus accessible. C’est le challenge que se lance la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Mayotte depuis sa création il y a maintenant cinq ans. Ce mardi 2 novembre se tenait le premier évènement du « mois de l’ESS » à la place de la République à Mamoudzou. Une trentaine de structures, entreprises et associations ont participé à la matinée et ont pris part à la table ronde avec des professionnels de tout horizon.
Les questions fusent, pourtant l’économie sociale et solidaire n’est pas inconnue dans le 101ème département. Elle existe dans la tradition mahoraise sous différentes formes. « L’ESS est déjà dans l’ADN des Mahorais. À titre d’exemple à Mayotte, nous avons le principe de la musada. Quand quelqu’un a un projet, tout son entourage se mobilise pour intervenir financièrement et faire aboutir le projet. Il y a aussi le chicoa, ailleurs c’est appelé la finance solidaire et les réglementations sont strictes, ici c’est nous qui faisons les réglementations », indique Kamal Youssouf, directeur de la CRESS Mayotte. La musada et le chicoa se font encore sur l’île, mais pour des occasions personnelles telles que les mariages ou la construction d’une maison. Le directeur de la Cress Mayotte aimerait que les Mahorais se servent de l’économie sociale solidaire à des fins professionnelles. « Tous les projets peuvent être accompagnés. C’est une économie du quotidien, qui répond aux problématiques de la population et qui est adaptée à toutes les activités humaines. »
Ce « mois de l’ESS » est également organisé pour donner la parole aux acteurs qui ont adopté l’économie sociale et solidaire. La Cress va récolter leurs témoignages afin qu’ils soient entendus au niveau national lors du congrès de l’économie sociale et solidaire qui aura lieu le 10 décembre prochain. « Nous avons programmé des débats sur la thématique de la résilience économique à la suite de la crise sanitaire. Nous allons sonder les structures ESS de Mayotte pour connaître leur réalité afin de mieux porter leurs voix. Lors de ce congrès en métropole, il y a aura un débat avec les candidats officiels à l’élection présidentielle », annonce le directeur de la Cress de l’île.
Encourager les femmes à devenir des cheffes d’entreprise
La Cress s’engage également dans l’entrepreneuriat au féminin en partenariat avec le BGE Mayotte, la direction régionale aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes et la communauté de communes du Centre-Ouest. En ce sens, la quatrième édition du salon de l’entrepreneuriat au féminin se tient ce mercredi 3 novembre à Coconi. « Il s’agit de l’édition de l’émancipation. La femme est sujette à certains freins lorsqu’elle se lance dans l’entrepreneuriat, nous voulons donc proposer des méthodes, des aides qui permettront de lever ces freins et rendre les femmes totalement autonomes », précise Sonia Anli, la directrice de BGE Mayotte. Cette journée permettra de présenter l’écosystème en mesure d’accompagner celles qui veulent franchir le pas. La couveuse d’entreprises Oudjérébou, l’Adie, Créa’pépite, Pôle emploi, la Cress… Tous seront présents pour répondre aux questions du public !
Et comme il n’y a pas d’âge pour se lancer dans l’entrepreneuriat, les étudiants de deux classes de BTS du lycée des Lumières et de celui de Sada seront les invités spéciaux de cet événement. Ils seront sensibilisés à l’écosystème entrepreneuriale et à l’ensemble des dispositifs. « La promotion de la femme doit permettre de susciter l’envie d’entreprendre, peu importe le genre, les études ou l’appartenance sociale », soutient Sonia Anli. Un travail grandement nécessaire puisque les chiffres sur les femmes créatrices d’entreprises sont à la baisse dans l’île, alors que Mayotte figurait parmi les bons élèves il y a quelques temps. Les femmes accompagnées par le BGE en 2021 représentent 24% des entrepreneures contre 41% en 2019 et en 2020. « De moins en moins de femmes qui viennent nous voir… À travers le salon de l’entrepreneuriat au féminin, nous voulons comprendre ces chiffres, définir les freins et trouver des solutions », annonce la directrice du BGE du département. Parmi ses propositions ? Le coaching consacré à la gente féminine. Cet accompagnement pourrait redonner confiance aux femmes qui sont parfois en proie aux doutes en raison du contexte social et traditionnel.