Deux bénévoles de la Croix Rouge française ont été interpellés alors qu’ils devaient travailler au centre de M’Gombani ce samedi. S’ils ont été relâchés dans la foulée, l’affaire interroge alors que la campagne de vaccination contre le Covid-19 doit se poursuivre à Mayotte.
Leur journée a bien failli tourner au vinaigre. Deux bénévoles de la Croix Rouge française, en situation irrégulière sur le territoire, ont été interpellés, samedi, alors qu’ils devaient effectuer leur mission au centre de vaccination de M’Gombani. Ils auront vite été relâchés après un coup de fil de la préfecture, étant entendu qu’ils effectuaient là une action d’intérêt général.
“Deux personnes ont effectivement été interpellées, deux bénévoles dont on avait besoin sur le centre de vaccination, elles ont donc été libérées très rapidement sur demande de la préfecture et sont retournées à leur mission”, confirme la sous-préfète chargée de la lutte contre l’immigration clandestine, Nathalie Gimonet. “La police aux frontières, plus précisément l’unité GAO (groupe d’appui opérationnel) a fait son travail, qui est de réaliser des contrôles d’identité : si la personne peut prouver la régularité de son séjour à Mayotte, aucun problème ; si elle ne peut pas fournir de preuve de la régularité de son séjour, elle est interpellée pour vérification ultérieure. Cela ne veut pas dire reconduite tout de suite”, précise-t-elle.
Des bénévoles formés pour prêter main-forte
D’après un syndicat de police, l’un des deux bénévoles se faisait emmener au travail en scooter, quand il a été contrôlé. Il portait alors son t-shirt aux couleurs de la Croix Rouge, mais n’avait pas d’ordre de mission sur lui. “Il n’avait pas de papier, alors les collègues ont appelé la préfecture : son dossier avait été refusé depuis 2019, et il n’avait pas de papier indiquant un éventuel recours au tribunal. Donc ils rentrent au commissariat, ils entament la procédure, et avant de partir pour le CRA, ils reçoivent un appel pour le relâcher. Sans aucune explication !”, s’étonne le représentant syndical.
Le fait est que la participation des bénévoles à la gestion de crise, plus encore depuis l’épidémie du Covid-19, est essentielle au territoire. La plupart, en situation régulière ou non, ont d’ailleurs suivi des formations pour travailler dans les centres de dépistage ou de vaccination, dispensées par l’agence régionale de santé, ou la Croix Rouge elle-même. L’un des bénévoles interpellés ce samedi avait notamment reçu une formation pour administrer les piqûres, selon ce même syndicat.
Des contrôles abusifs aux abords des centres
D’après nos informations, les candidats à la vaccination n’ont, eux, pas été inquiétés ce samedi au centre de M’Gombani. Mais l’affaire n’est pas sans rappeler certains contrôles abusifs qui ont déjà pu avoir lieu dans le passé, alors même que la campagne de vaccination est primordiale pour le département. En août dernier, des agents du centre de vaccination de Koungou, commune dont le taux de vaccination était le plus faible de l’île, avaient constaté dans nos colonnes que la présence de la PAF constituait un frein pour une partie de la population, en situation irrégulière.
Contacté, le président de la délégation de la Croix rouge à Mayotte n’a pas souhaité réagir. Si la vaccination a bien progressé sur le territoire, avec 78,1% de la population cible ayant reçu au moins une dose selon les dernières données de l’ARS, l’épidémie circule toujours. Au 22 octobre, 39 nouveaux cas avaient été détectés sur une semaine.