Élevage clandestin de 21 chiens : l’association Maeva organise une soirée caritative pour appeler aux dons

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Dernière née dans le paysage mahorais, l’association Maeva vient à la rescousse des animaux livrés à eux-mêmes sur l’île aux parfums, aux côtés de l’APPF976 (association pour la prévention et la protection de la faune de Mayotte) et de Gueules d’amour. La fermeture du seul refuge de l’île n’a pas aidé les affaires des organisations bénévoles du territoire qui œuvrent chaque jour à la protection animale. Vendredi, une soirée caritative à l’initiative de l’association Maeva est organisée pour les 21 chiens découverts le 13 octobre dans le quartier de Convalescence. Entretien avec Emmanuelle Martin, trésorière de l’association.

Flash Infos : Depuis quand existe l’association et quels sont ses objectifs ?

Emmanuelle Martin : Nous avons fait l’assemblée générale constitutive en avril cette année, la publication au journal officiel est arrivée en juin. Notre objet, c’est la protection des animaux domestiques de manière générale : chiens, chats et pourquoi pas demain les chèvres, les zébus, les moutons… Dans nos objectifs, nous brassons l’ensemble des actions en faveur de la protection animale, du basique recueil des animaux errants, à la re-sociabilisation, au placement en famille d’accueil en passant par la recherche d’adoptant, et pourquoi pas aussi des campagnes de sensibilisation auprès du grand public !

FI : Concrètement, comment fonctionnez-vous ? Avez-vous un refuge pour accueillir les animaux ?

E.M. : Nous n’avons pas de refuge, nous fonctionnons par famille d’accueil. Au début, l’idée c’était d’avoir une petite association qui aurait pris quelques animaux en charge, principalement pour du sauvetage. Mais il y a un vrai souci de place ! Et avec la fermeture du refuge de Gueules d’amour, il y a un besoin réel sur le territoire. Mais les moyens en face manquent cruellement. Pour vous donner une idée, nous étions partis sur 10 ou 12 animaux par an pris en charge par notre structure : en six mois, nous en avons déjà accueilli 65 ! Nous n’avons néanmoins pas de refuge, et ce n’est pas l’objet de l’association. Nous travaillons plutôt avec des familles d’accueil. L’autre volet de notre action, c’est de trouver des partenariats avec des associations de métropole, pour pouvoir envoyer des animaux sociables qu’elles se chargeront de faire adopter là-bas. Et nous nous occupons des adoptions locales. Pour l’instant, sur les 65 recueillis, sept ont été adoptés sur Mayotte, et deux sont partis en métropole. Et nous avons noué un partenariat avec Les rescapés des îles, une association qui travaille avec les Outre-mer. Elle pourra prendre en charge quatre chiots pour un premier départ en novembre. Ensuite, nous essaierons d’avoir des départs réguliers en fonction de la place disponible sur site.

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FI : Comment peut-on devenir famille d’accueil ou adoptant ?

E.M. : Nous avons mis en place un protocole et les candidats à l’accueil doivent répondre à un questionnaire. Il faut savoir que s’engager comme famille d’accueil, cela peut vouloir dire garder l’animal quatre ou cinq mois avant une éventuelle adoption ou un départ en métropole. Et nous prenons en charge le vétérinaire, mais pas les croquettes ou la litière. De même pour les adoptants, il y a des règles à respecter, notamment la stérilisation obligatoire. Nous faisons une campagne de lutte contre les animaux errants, qui sont un danger pour la faune de Mayotte, ce n’est pas pour ajouter de la reproduction sur l’île ! Il faut aussi s’assurer que la famille adoptante est prête. Les 21 chiens de Convalescence, pour ne citer qu’eux, ont tout de même été enterrés dans des trous avec des plaques de tôle au-dessus de leur tête… Ce n’est pas pour les envoyer dans des familles qui n’en veulent plus et nous les renvoient derrière. Le questionnaire est ensuite validé par l’association, puis il faut remplir un contrat d’adoption, avec un chèque de caution pour la stérilisation, et les 200 euros de frais de base.

FI : Comment avez-vous été amenés à travailler avec Gueules d’amour et APPF976 ?

E.M. : Tout est parti de l’opération de police à Convalescence, avec ces 21 chiens partis en fourrière. Une bénévole nous a appelés à la suite des articles de presse. J’ai alors contacté la ville de Mamoudzou et la fourrière : sans refuge, il était prévu que les animaux partent à l’euthanasie… Après discussion, la mairie a accepté que les associations les récupèrent. Donc nous y sommes allés avec Gueules d’amour et APPF, les seules assos existantes sur le territoire pour accueillir les chiens. Il y avait une femelle et ses huit chiots, une autre et ses cinq chiots et un mâle adulte. Tous devaient être euthanasiés le lundi ! Nous avons pu placer quasiment tout le monde chez Maeva, sauf la femelle et ses cinq chiots, qui ont été pris en charge par APPF. Après, l’idée pour nous, au vu de tout ce qu’il y a à faire sur le territoire, c’est qu’il y a de la place pour toutes les bonnes volontés. Nous travaillons en bonne intelligence avec Gueules amour et APPF : chacun a des moyens différents, mais nous avons une cause commune, la protection des animaux. C’est toute l’idée de la soirée caritative de vendredi que nous organisons ensemble. Nous nous partagerons les recettes au prorata des animaux que nous avons pris en charge avec APPF.

FI : Justement, pouvez-vous expliquer le concept de cette soirée, et vos objectifs ?

E.M. : Le concept est simple : chaque personne paie 30 euros, dont dix seront reversés aux associations. Cela se passe au restaurant Le Moya, en Petite-Terre, sur inscription car il s’agit d’un buffet à volonté. Nous avons déjà 80 inscrits. Après, il faut bien avoir en tête que 21 chiens, c’est minimum 200 euros par animal, sans compter les éventuels problèmes qui peuvent être détectés par la suite. Ces 200 euros permettent de payer les vaccins, le passeport, l’identification, la teigne, le déparasitage et le vermifuge… Là par exemple, ils avaient tous la teigne et étaient blindés de vers ! Donc 200 euros, c’est vraiment un minimum, la base des soins et le paiement des vétérinaires. Grâce à la cagnotte en ligne, nous avons récolté 740 euros chez Maeva. Si 100 personnes viennent vendredi, il y aura peut-être 800 euros pour l’association. Ce qui veut dire que j’aurais payé un peu plus de la moitié de ce qu’il faut en trésorerie, juste pour les soins de base !

Comme nous sommes une jeune association, nous sommes aussi extrêmement liés au financier. D’où l’importance de nos appels aux dons. Sur le post au sujet de 21 chiens de l’élevage, nous avons eu 100 réactions et plus de 300 partages… Si chacun avait donné 10 euros, – soit deux verres de jus de fruit ! – nous aurions déjà rempli la cagnotte. En attendant, chaque fois que nous prenons en charge un nouvel animal, ce sont nos comptes personnels à tous qui en pâtissent. Avec 21 chiens, nous allons aussi être obligés de mettre en parenthèse la prise en charge, sauf moyens financiers supplémentaires et un partenariat pour envoyer les chiens en métropole. Mais nous ne demandons pas la lune ! Avec 3.000 euros pour payer les frais de vétérinaires, nous pourrions chercher sereinement les partenariats qu’il nous faut…