20/08/10 – La venue d’un deuxième distributeur d’essence est-elle possible ?

Le conflit à Total a duré près de deux semaines. Avec les réservoirs à sec, les Mahorais commençaient à râler. Obligée de limiter ses déplacements, la population a souffert, d’autant plus en cette période de ramadan. Pour les uns, il est impossible de se rendre au travail et les jours non travaillés ne sont pas rémunérés. Pour les autres, impossible de faire les courses en cette période où les commerçants (surtout pour les denrées alimentaires) effectuent une grosse partie de leur chiffre d’affaires annuel.

Tout le monde se demande donc pourquoi la concurrence n’existe pas en matière de distribution de carburant à Mayotte. Jusqu’à 2003, c’était l’Etat via l’armée qui s’occupait de ce domaine grâce au service des hydrocarbures. Mais avec la décentralisation et le désengagement de l’armée, il a été décidé par le conseil général de privatiser l’importation et la distribution d’essence. Celui-ci n’avait ni les moyens financiers, ni les moyens humains d’assurer ce service, qui au demeurant ne rentre pas dans les compétences habituelles d’une collectivité locale française.

Deux groupes ont répondu à l’appel d’offres : Total et Galana (groupe malgache). Toutefois, la consommation annuelle mahoraise au début des années 2000 représentait l’équivalent d’un mois de consommation à la Réunion. Autant dire que personne ne s’est bousculé et faire cohabiter plusieurs groupes était impossible. Les élus ont donc choisi Total (Nous avions titré à l’époque : “La totale pour Total”) qui offrait la meilleure offre en matière d’investissement et de protection de l’environnement.

Toutefois, d’autres sources affirment que Total a été contrainte de s’installer à Mayotte par l’Etat, d’où notamment l’exonération pendant 10 ans de la patente imposée par le préfet Jean-Jacques Brot, contre l’avis des élus. Dans une édition précédente (MH 478 du 4 juin 2010), Philippe Goron directeur de Total Mayotte rappelait que les investissements de Total à Mayotte s’élevaient depuis 2003 à 61 millions d’euros, dont la moitié pour le dépôt de Longoni.

“Globalement, Total a rempli le contrat la liant avec la CDM. Les stations ont été modernisées et sont aux normes européennes, d’autres seront construites. Grâce aux investissements réalisés à l’aéroport et au port, le trafic a largement augmenté, il n’y a plus de pénuries sauf en cas de grève, les stations sont ouvertes tous les jours et jusqu’à 21h en semaine. Le personnel a été conservé. Il n’y a qu’une chose qui n’a pas été faite, c’est permettre à des entrepreneurs mahorais de diriger les stations sous licence ou franchise”, affirme une personne qui a eu à gérer ce dossier au conseil général.

La convention stipulait néanmoins aussi la création de 4 nouvelles stations avant 2010, ce qui aurait permis de désengorger les stations de Mamoudzou, mais seule celle de Jumbo Score a été créée. M. Goron a toutefois indiqué que celle de Coconi au Centre et celle d’Acoua au Nord devraient voir le jour dans les mois qui viennent.

Aujourd’hui, la consommation mahoraise de carburants est largement plus élevée qu’en 2000. Mardi soir, Ahamed Attoumani Douchina a affirmé chez nos confrères de Télé Mayotte que le service juridique de la CDM se pencherait sur la convention signée en 2003 avec Total, pour éventuellement rappeler ses manquements à la société pétrolière. Mais sera-ce suffisant pour que s’installe un second distributeur ?

 

F.S.

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