Avec son projet X-MEM, le centre universitaire de formation et de recherche s’apprête à franchir le virage de la transformation numérique en proposant une pédagogie innovante pour que ses étudiants soient encore plus actifs au cours de leurs études supérieures. Grâce à cela, l’établissement réduit encore un peu plus son déficit d’image par rapport aux universités de plein exercice.
« Quand on joue, on gagne assez souvent. » Derrière cette phrase qui peut paraître un tantinet prétentieuse, le recteur Gilles Halbout veut surtout mettre en exergue les talents mahorais pour porter des projets victorieux au niveau national – le quatrième en un an et demi ! – en lien avec la transformation digitale. Le dernier en date se nomme X-MEM (extensible mobile éducation Mayotte) et est à l’initiative du centre universitaire de formation et de recherche. Le seul établissement d’Outre-mer parmi les 17 lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateurs numériques dans l’enseignement supérieur », dévoilés vendredi dernier par le premier ministre, Jean Castex, en déplacement à Poitiers. « Le territoire répondait aux critères, nous sommes totalement compétents », insiste Fahoullia Mohamadi, la déléguée régionale académique à la recherche et à l’innovation. Rapidement rejointe par le directeur du CUFR, Aurélien Siri. « Ce n’est pas une surprise pour nous d’avoir été retenus. Ces deux dernières années ont montré que nous pouvions rivaliser avec la métropole. »
Une pédagogie innovante sur mobile
Fort de l’engouement suscité pour monter un dossier en béton, le groupe de travail rafle finalement la coquette somme de deux millions d’euros. De quoi permettre de « repenser les supports et la méthodologie », précise Frédéric Théodore, le directeur du centre de ressources informatiques. Cela passera, d’ici deux ou trois semestres, par le développement d’applications et de sites adaptables pour les téléphones. « Durant les confinements, nous nous sommes rendus compte que la moitié des visioconférences était suivie sur mobile. » Dans ces conditions, Aurélien Siri souhaite « rendre plus accessible les ressources et les outils pédagogiques » et « utiliser ce médium pour proposer de la pédagogie innovante ». Le but ? « Poser le même enseignement en présentiel et en distanciel » et ainsi faire face aux blocages intempestifs mais aussi aux grèves des transporteurs qui compliquent l’acheminement des étudiants jusqu’à Dembéni.
Un beau cadeau d’anniversaire
Pour Gilles Halbout, ce nouveau financement démontre encore une fois que « l’enseignement supérieur se développe » dans le 101ème département. « Nous nous dirigeons vers la normalisation ! » Une bien belle manière de célébrer le dixième anniversaire du CUFR prévu ce mardi, dont le chemin parcouru depuis sa création en 2011 reste tout à fait remarquable. « Il existe sur le territoire un terreau favorable à l’émergence de tels projets », se réjouit Aurélien Siri, fier de réduire petit à petit l’écart avec les universités de plein exercice. Alors pour s’assurer de continuer sur cette lancée et de structurer ce projet comme il se doit, le directeur promet le recrutement de forces vives, tels qu’un ingénieur des usages numériques. Fini le complexe d’infériorité : Mayotte joue désormais dans la cours des grands !