L’art, un concept subtil perçu de manière subjective. Si l’on a souvent tendance à se référer à la peinture ou à la musique lorsque l’on parle d’art, il peut être exprimé de différentes manières. C’est dans cette optique que Julia Daka a créée l’association Sadaka. Elle a pour ambition d’éduquer les enfants de Mayotte à travers l’art afin que chacun puisse trouver sa voie.
Développer son côté artistique, créer, partager… C’est ce que veut offrir l’association Sadaka aux milliers d’enfants qui errent dans les rues de l’île aux parfums chaque jour sans réel objectif dans la vie. Sa fondatrice Julia Daka, elle-même Mahoraise, est touchée par le nombre de mineurs isolés à Mayotte et souhaite leur apporter un nouvel espoir en les initiant aux différentes formes d’art. « Nous voulons leur donner accès à l’éducation à travers l’art contemporain. Je ne parle pas que de peinture ou de sculpture, mais je fais également référence au design, à l’architecture, à l’artisanat, à la photographie, la mode et bien d’autres. » Tout cela dans le seul objectif d’offrir à ces enfants défavorisés une chance d’une vie meilleure. « J’aimerais leur ouvrir les portes des métiers auxquels ils n’ont pas accès à Mayotte », précise Julia Daka. Architecte, designer, photographe, artisan, styliste… Tant d’opportunités sont possibles pour ce public qui n’a souvent pas besoin de grand-chose pour y arriver. « Vous n’êtes pas obligé d’avoir un gros diplôme pour faire de l’architecture par exemple, nous pouvons commencer à en faire avec des micros confections, nous le voyons d’ailleurs à Mayotte quand des jeunes construisent les bangas », souligne la fondatrice de Sadaka.
Pour mener à bien tous ces projets, Julia Daka veut travailler avec des artistes de tous bords, origi-naires de Mayotte ou du reste du monde. Elle avait déjà fait un essai en juillet 2021 lorsqu’elle a fait venir des humoristes à Mayotte afin qu’ils initient les enfants à l’écriture d’un sketch. Une initiative qui avait séduit les jeunes participants. « Nous voulons que les enfants aient une nouvelle notion de leur propre identité, qu’ils puissent se découvrir eux-mêmes. Dans l’éducation l’art est aussi important que la lecture, les maths et les autres matières », soutient-elle.
Une résidence d’artistes pour créer et faire briller Mayotte
L’association Sadaka en est à ses débuts, mais sa créatrice a d’ores et déjà de grands projets pour elle. « Je veux monter une résidence d’artistes sur l’île. Je la vois comme un énorme bâtiment où il y aurait plusieurs ateliers, une partie exposition, une autre pour la confection, un workshop. Ce serait un lieu culturel, social et éducatif où les artistes de Mayotte, de l’océan Indien ou du reste du monde pourront travailler avec les enfants », détaille Julia Daka. Ce lieu d’échange et de création sera l’occasion pour les jeunes de Mayotte de découvrir un aspect d’eux qu’ils ignorent peut-être et fera rayonner la culture mahoraise à travers le monde par la même occasion.
Cependant cette résidence d’artistes ne verra pas le jour avant six à sept ans puisque la fondatrice de l’association, qui est aussi architecte, a l’ambition de dessiner elle-même le bâtiment avec d’autres collègues, et un projet d’une telle envergure nécessite beaucoup d’argent. En attendant, les enfants restent la priorité de Julia Daka et elle met petit à petit en place des résidences d’artistes nomades. « Nous nous installerons dans les MJC ou les centres culturels pour une durée de trois semaines, trois fois par an. Et à chaque fois, nous allons faire venir différents artistes et nous traiterons différentes thématiques. » L’association tiendra d’ailleurs sa première résidence nomade du 29 novembre au 21 décembre 2021 à Chirongui. Des photographes et designers de l’Hexagone auront pour mission de faire découvrir leurs professions aux jeunes. « Pour cet évènement, notre thématique est la mémoire des formes. Les artistes ont prévu de travailler avec les archives de l’île, les comptes, les histoires de famille, des portraits de personnes sur le territoire afin de les immortaliser », explique Julia Daka. Tout cela sera possible à condition d’arriver à lever les fonds nécessaires pour mener le projet à terme. Une cagnotte en ligne est disponible pour que chacun puisse faire un petit geste et permettre la réalisation du projet. Cette initiative de Julia Daka et de ses dix autres coéquipiers répartis à travers le monde ne résoudra pas la problématique des mineurs isolés qui sont laissés pour compte à Mayotte, mais elle aura au moins le mérite de leur donner un peu d’espoir… Du moins, le temps d’une session avec les artistes !
Pour aider l’association Sadaka, vous pouvez participer à la cagnotte en ligne en suivant le lien suivant : https://www.kisskissbankbank.com/fr/projects/sadaka-art