Il y a un an, le maire Ambdilwahedou Soumaila sortait un arrêté interdisant aux vendeurs à la sauvette de squatter le centre-ville de Mamoudzou. La commune semble déterminée à continuer son combat contre l’économie informelle puisqu’elle a signé ce mercredi à l’Hôtel de ville une convention avec l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie) afin de régulariser les commerçants qui sont encore dans l’illégalité et qui vendent aux bords des routes.
Ils ne passent pas inaperçus, ces commerçants qui étalent leurs produits à même le sol aux bords des routes de Mamoudzou. De Tsoundzou à Kaweni, chacun a pris ses marques, depuis des années pour certains. Mais pour le maire de la commune chef-lieu, il est temps de redorer l’image de Mamoudzou et pour cela, les vendeurs ambulants doivent disparaître du paysage. Cependant, la ville refuse de faire les choses brusquement et joue la carte de la pédagogie. « Nous ne voulons pas virer les gens du jour au lendemain sans leur proposer d’alternatives », assure Munia Dinouraini, l’adjointe d’Ambdilwahedou Soumaïla en charge du développement économique, des marchés et foires et de l’occupation du domaine public.
L’alternative commence par la régularisation de ces personnes qui travaillent dans l’illégalité à travers un partenariat avec l’association pour le droit à l’initiative économique (Adie). « La signature de cette convention marque une phase expérimentale qui va courir jusqu’à fin décembre. Plusieurs villages de la commune de Mamoudzou son ciblés, tels que Tsoundzou 1 et 2, Passamaïnty, Doujani, Cavani et M’tsapéré », cite la benjamine du conseil municipal. Lancé par l’Adie en 2020, le dispositif « Tremplin » devra aider ces vendeurs à formaliser leur situation dans le but de créer leurs entreprises. Ceux qui entreront dans les normes pourront ensuite vendre dans les marchés paysans qui seront organisés par la ville. « Il y en aura dans quatre villages de Mamoudzou, à Cavani, à Tsoundzou, à Passamaïnty et à Vahibé. Nous devons les sensibiliser et les inciter à intégrer ces lieux où ils pourront vendre en toute sécurité », indique Munia Dinouraini. Tout cela en attendant le grand marché couvert de M’tsapéré prévu pour 2023, dans le meilleur des cas.
La difficile régularisation des vendeurs ambulants
Malgré la bonne volonté de la commune de Mamoudzou et de l’Adie, les contraintes sont nombreuses. La commune a entamé un processus d’identification des vendeurs ambulants… Si pour l’instant, environ 300 ont été identifiés, tous ne peuvent prétendre à la création de leur entreprise. « Selon l’Insee, sur l’ensemble des entreprises informelles à Mayotte, trois quarts des personnes sont de nationalité étrangère. Parmi eux, la moitié serait en situation régulière », rappelle Martin Khuu, conseiller à l’Adie. Toutefois, l’absence de chiffres précis pour le territoire communal de Mamoudzou complique un peu plus la donne. La ville choisit donc pour l’instant de fermer les yeux sur ces hommes et femmes en situation irrégulière qui vendent dans le chef-lieu et préfère se concentrer sur ceux qui ont la nationalité française ou au moins un titre de séjour leur permettant de travailler.
Mais même pour eux, la tâche n’est pas aussi facile… « Souvent, les personnes ont une méconnaissance totale des démarches à suivre pour créer leur entreprise, pourtant ce n’est pas si compliqué », assure Ségolène Thomas, la directrice territoriale de l’Adie à Mayotte. Une simple carte de séjour suffit ! Encore faut-il que les vendeurs aient un numéro de sécurité sociale ou un compte bancaire, ce qui n’est pas toujours le cas. « Nous avons les outils qui permettent de faciliter la création d’entreprise. Il faut lever les freins administratifs en nous appuyant sur les acteurs compétents : la CSSM, le service des impôts, l’URSSAF », poursuit la directrice de l’Adie. De plus, durant les deux premières années, les entreprises sont exonérées de cotisations sociales, un critère non négligeable pour tout entrepreneur. Si la phase expérimentale de la ville de Mamoudzou et de l’Adie porte ses fruits, elle viendra augmenter les statistiques qui indiquent la création de plus de 1.000 entreprises en 2020 et ce malgré la crise sanitaire.