L’organisation syndicale Force Ouvrière de la Croix-Rouge rejoint le grand mouvement national de ce mardi 5 octobre qui se décline dans le 101ème département. Un acte solidaire pour défendre l’intérêt général des salariés de l’association fondée par Henry Dunant, mais aussi les spécificités du territoire.
Quelque deux mois après l’inauguration du tout nouveau siège mahorais de la Croix-Rouge, en présence du directeur général de l’association, Jean-Christophe Combe, le vaisseau amiral vacille, façon de parler ! Non pas à cause de mauvaises marées ou de vents contraires, mais plutôt en raison de l’appel à la mobilisation prévue ce mardi 5 octobre, contre les réformes envisagées par le gouvernement, notamment des retraites et de l’assurance chômage. « Plus de 50% des salariés prévoient de répondre présents », annonce Farouk Riziki, le délégué du personnel. De nouvelles règles auxquelles n’échappe pas « notre branche d’activité », le secteur social et médico-social.
Si l’organisation syndicale Force Ouvrière se montre solidaire avec le national, elle souhaite aussi défendre son bout de gras. « Nous sommes autant impactés ici qu’en France métropolitaine », poursuit le responsable informatique et le coordinateur logistique. Peut-être même plus d’ailleurs. À titre d’exemple : la vie chère dans le 101ème département, même si le salaire minimum de croissance a été revalorisé de 2.2% le 1er octobre dernier. Et justement, c’est là que le bât blesse. Malgré cette hausse non négligeable, « les positions 1, 2 et 3 de la grille de classification se retrouvent en dessous du SMIC », s’indigne le trésorier adjoint, qui revendique une « rémunération décente ». D’où le souhait d’appliquer en bonne et due forme le code de travail et de demander l’extension de l’indemnité Ségur, soit 183 euros nets pour tous, pour ne pas se sentir lésé.
La reconnaissance des frais kilométriques
Voilà pour la partie visible de l’iceberg. Car d’autres spécificités locales s’avèrent plus subtiles… « Certaines décisions prises à l’échelle nationale ne reflètent pas la réalité du terrain », insiste Farouk Riziki. À l’instar de la reconnaissance des frais kilométriques. « Il n’y a pas de prise en compte des embouteillages et de l’état des routes. […] Si nous utilisons notre véhicule personnel, cela nous revient beaucoup plus cher qu’en métropole. » Une souffrance matérielle qui s’ajoute aux contraintes générées par le Covid-19, comme le passe sanitaire obligatoire. « À l’heure d’aujourd’hui, nous n’avons pas recensé de suspension », tempère toutefois Mélissa Codiamoutou, la secrétaire adjointe. Mais face à ce dilemme, certains employés préfèrent réaliser un test antigénique tous les deux ou trois jours plutôt que de se faire piquer.
Une charge de travail importante
Un contexte sanitaire également marqué par une « forte période de transition avec une restructuration importante qui a forcément chamboulé les pratiques » avant la nomination en août dernier de Kadafi Attoumani à la tête de la direction de la Croix-Rouge à Mayotte. Si les deux représentants syndicaux louent son investissement et son attention depuis sa prise de poste, ils espèrent une passation de pouvoir aussi rapide que possible avec le directeur adjoint du pôle Outre-mer. Contactée au sujet de ce mouvement de grève, la direction n’a pas donné suite. « Nous sommes une organisation assez marquante, avec des besoins grandissants. Même si nous avons connu des périodes plus tendues, notamment durant les confinements, la charge de travail reste très importante », résume Mélissa Codiamoutou. Il suffit de se rapprocher de l’aide alimentaire, de l’équipe mobile sociale ou du service de soins infirmiers à domicile, soumis à rude épreuve depuis un an et demi, pour comprendre l’expectative. « Nous avons une réunion de comité d’entreprise mercredi, je pense que le débat s’y invitera », prévient Farouk Riziki. Histoire de ne pas finir le bec dans l’eau.