Derrière la marque de vêtement Anika Exkiz se cache une couturière pleine de talent qui a fait le choix de poursuivre ses rêves. Zaima Anika Anli Hely est une femme mahoraise déterminée à tordre le cou aux clichés qu’il y a autour du métier de couturier. La créatrice de mode a créé son entreprise il y a moins d’un an et le succès tape déjà à sa porte.
Un rêve de petite fille que se réalise. C’est ce que vit Zaima Anika Anli Hely depuis des mois. La jeune femme mahoraise a déposé sa marque de vêtement Anika Exkiz il y a moins d’un an, et depuis son entreprise ne cesse de croître. Sollicitée de toute part, Anika vit un rêve éveillé, mais elle a dû passer par plusieurs étapes avant d’en arriver là. « Depuis toute petite, j’aimais la mode mais c’était juste une passion parce que je ne pensais pas que je pouvais en faire mon métier. Après mon bac, je me suis donc orientée vers l’architecture », raconte-t-elle. Zaima Anika Anli Hely poursuit ses études jusqu’à la cinquième année qu’elle ne valide pas. Elle essaye alors de se réorienter. Après plusieurs formations, elle décide finalement de rentrer à Mayotte et travaille un temps à La Poste. Bien loin de son premier amour : la couture.
Arrive alors soudainement le confinement du mois de mars 2020, période pendant laquelle Anika se retrouve sans emploi. « À ce moment-là, j’ai décidé de m’investir réellement dans la couture. J’ai cherché des subventions et j’ai déclaré mon entreprise en décembre 2020. » Tout s’accélère alors pour la styliste, qui est très présente sur les réseaux sociaux et qui n’hésite pas à partager ses créations. Elle est rapidement repérée pour présenter ses pièces dans des défilés de mode, notamment celui de l’élection de Miss Excellence Mayotte. La marque Anika Exkiz arrive alors à se faire une place dans le monde de la mode locale. « Je ne m’attendais pas à atteindre aussi vite le succès que j’ai maintenant ! Je pensais que ça allait prendre plus de temps, peut-être dans trois ans. Mais dès que j’ai mis les pieds à Mayotte, tout s’est accéléré », reconnaît la couturière. Cependant, le succès s’accompagne d’une certaine appréhension. « J’ai un peu peur parce que j’ai l’impression que ça va beaucoup trop vite, mais je n’ai pas le droit de reculer. »
« Pas un métier d’avenir »
Si la styliste vit aujourd’hui une véritable succès story, elle a dû batailler dur et s’affranchir des remarques des autres pour réussir. Anika a fait force de détermination pour ne pas écouter sa maman qui ne portait aucun espoir en son projet. « Ma mère ne me soutenait pas car elle n’y croyait pas », se souvient-elle. Avant de finalement réussir à lui faire changer d’avis ! « Elle est ma première source de motivation. Elle est beaucoup investie dans mon entreprise et je suis persuadée que sans elle, je ne serais pas à ce niveau-là », témoigne la créatrice. À tel point que son parcours est un exemple pour tous ceux qui veulent créer leur entreprise, mais qui se montrent encore hésitants. « Les métiers artisanaux sont souvent critiqués… Mais quand on est passionnés, il ne faut pas lâcher. On m’a toujours dit que couturière n’est pas un métier d’avenir et pourtant tout se passe bien pour moi. » Son secret ? Anika a tout simplement toqué à la porte de l’agence Créap’ Pépites, qui l’a accompagnée tout au long du processus, notamment pour les démarches administratives qui peuvent s’avérer fastidieuses.
Un style minimaliste et sophistiqué
Depuis, Anika cherche à se démarquer des autres créateurs mahorais, avec un style qu’elle définit de minimaliste et sophistiqué. « J’apporte de la pureté et du minimalisme dans la manière de s’habiller à Mayotte. Mais je mets toujours une touche locale en utilisant le tissu du nambawane », dévoile-t-elle. Sa marque de fabrique séduit et beaucoup sont prêts à payer le prix fort pour avoir une pièce de chez Anika Exkiz. Si la cheffe d’entreprise est consciente que sa gamme de prix est largement au-dessus de ce que les Mahorais dépensent en moyenne dans les vêtements, elle assume son choix. « Je me facture au juste prix. Mes clients ne sont pas des gens qui cherchent à trouver du moins cher, ils veulent une pièce qui a été créée avec passion et amour. » En plus de son atelier situé à Hamjago, la styliste veut grandir et ouvrir des magasins sur l’île « d’ici trois ans ». Il est important pour elle de développer son activité à Mayotte avant de peut-être, un jour, s’exporter à l’étranger. Et pour cela, elle a besoin de renfort. Elle est donc actuellement à la recherche d’un couturier qui pourra l’épauler dans sa conquête du monde. « Je suis prête à le ou la former parce que je suis passée par là », précise Anika. Alors si vous êtes passionné de couture et de mode, tentez votre chance !