Du 15 au 22 septembre, le comité régional olympique et sportif (CROS) organise avec la fédération française handisport une formation auprès de vingt stagiaires afin de les initier à l’accueil et à l’encadrement adapté de personnes en situation de handicap physique et sensoriel. Pour Flash Infos, Ludovic Dabauvalle, le directeur du centre national de formation au sein de la FFH, dresse un état des lieux de la situation à Mayotte et donne les pistes à suivre pour que ce public puisse enfin s’épanouir sportivement.
Flash Infos : Cette formation d’une semaine, est-ce une volonté du comité régional olympique et sportif de Mayotte ou directement de la fédération française handisport ?
Ludovic Dabauvalle : Pour être tout à fait honnête, il s’agit d’une initiative du CROS de Mayotte, qui a dressé le constat qu’il n’y avait plus de pratiques sportives organisées à destination des personnes en situation de handicap physique, sensoriel, mental ou psychologique… Il y a de cela deux ans, la chargée de mission, Manon Darcel Droguet (la cheffe du service Sport, Santé, Bien-être, ndlr.) s’est rendue en métropole dans le but de nous convaincre, avec la fédération française du sport adapté, d’implanter à Mayotte une structure associative régionale.
C’est à partir de ce moment-là que nous nous sommes encore davantage intéressés au 101ème département. Pour commencer, nous avons alors décidé de mettre en place une action de formation pour permettre aux clubs intéressés de compter dans leur rang des éducateurs dûment formés afin d’accueillir plus facilement le public cible. Et ainsi déboucher sur des affiliations avec la FFH et développer un tissu associatif handisport !
FI : Au cours de votre séjour et de vos différentes rencontres avec les acteurs locaux, quels freins avez-vous pu noter concernant le développement du handisport à Mayotte ?
L. D. : La problématique principale est d’organiser le transport entre le domicile et le lieu de pratique si nous ne devions créer que des offres sportives concentrées à Mamoudzou. Cela serait effectivement compliqué au regard des difficultés de circulation… L’idée est donc de mettre en place un maillage territorial au plus proche des pratiquants en situation de handicap. À titre d’exemple, il existe clairement des associations spécialisées dans l’accueil social ou médical qui se disent très intéressées par les activités sportives organisées. Identifier le public n’est pas un problème en soi. Le hic se situe plutôt à l’autre bout de la chaîne. Un certain nombre de structures sportives se disent prêtes à créer des créneaux spécifiques ou à en ouvrir en présence des valides. Même si elles étaient jusqu’alors volontaires, elles n’osaient pas, par méconnaissance ou par absence de personnels formés en leur sein, forcément communiquer.
FI : Se pose ensuite la question des infrastructures pour accueillir les personnes en situation de handicap… Selon vous, le 101ème département a-t-il ce qu’il faut sous la main ou bien doit-il urgemment revoir sa copie, notamment en termes d’accessibilité ?
L. D. : Des installations sportives, il y en a ! Malgré tout, ma courte présence sur le territoire ne me permet pas de savoir si elles sont sur-utilisées ou pas, dans l’optique de mettre en place des créneaux spécifiques. Concernant l’accessibilité, il est sûr que certaines infrastructures ne sont pas forcément en capacité de faire « monter » des fauteuils roulants. Après, s’il n’y a pas de rampes, il existe toujours des systèmes de transfert à moindre coût. Mais attention, tout cela ne doit pas être une excuse pour que rien ne se passe ! Il ne faut pas oublier les personnes mal-marchantes ou malvoyantes qui elles peuvent se déplacer normalement.
FI : Avez-vous pu rencontrer des représentants du rectorat dans le but de sensibiliser les élèves sur le handicap, un sujet plus que tabou à Mayotte ?
L. D. : Nous n’avons pas pu organiser de réunion institutionnelle avec le rectorat, mais nous avons pu rencontrer le responsable académique en charge du sport adapté à l’union nationale du sport scolaire (UNSS) à l’occasion d’un groupe de pilotage qui s’est réuni samedi matin ainsi qu’une formatrice de l’académie chargée des problématiques du handicap. Nous allons insister pour que le CROS élargisse son réseau d’acteurs. Sans oublier le conseil départemental, dont l’une des principales prérogatives est l’action sociale.
FI : S’il ne fallait qu’un seul chiffre pour résumer le handisport à Mayotte, quel serait-il ?
L. D. : Le chiffre que je pourrais vous donner ne serait pas significatif. Le projet de développement du handisport est encore naissant. Nous ne recensons que deux structures affiliées à notre fédération. Enfin, pour l’une d’entre elles, c’est plutôt une intention. Tandis que l’autre n’accueille que deux personnes en situation de handicap, une fois toutes les deux semaines… Nous n’en sommes qu’aux balbutiements ! Cela cache tout un potentiel… Mais je ne doute pas que plusieurs dizaines d’associations rejoindront cette initiative et s’engageront en prenant une licence auprès de la fédération.