Anli Maba Dali, employé du groupe Bourbon distribution Mayotte, arrive à un point de non retour. Il accuse l’entreprise de l’avoir muté alors qu’il était en arrêt maladie. L’ancien manager du magasin Score de Petite-Terre a porté l’affaire devant la justice, estimant être victime d’abus de pouvoir. Il nous livre sa version de l’histoire.
Flash Infos : Pour quelles raisons avez-vous porté plainte contre BDM ?
Anli Maba Dali : Je suis manager de département à Score Petite-Terre. Le 27 janvier 2021, j’ai envoyé un e-mail à mes supérieurs de BDM parce que je ne partageais pas les mêmes stratégies commerciales et de développement de l’entreprise que le nouveau directeur de Score Petite-Terre. J’ai donc suggéré de me changer de magasin. Puis le 28 janvier, le lendemain, je suis tombé malade à cause de douleurs à la hanche…
Le directeur commercial de BDM m’a contacté dès le 29 janvier dans le but de me rencontrer. Je lui ai expliqué que je ne pouvais pas me déplacer parce que j’étais en arrêt maladie et j’ai raccroché le téléphone. Il m’a rappelé pour me dire que c’était important et qu’il avait besoin de me voir le jour même au siège. J’y suis donc allé en ayant la peur au ventre ! À ce rendez-vous, il y avait le directeur général de BDM et le directeur commercial. Au cours des échanges, ils m’ont sorti les documents de mutation de magasin dans lesquels ils me notifiaient de rejoindre le Douka Bé de Koungou. Sur le coup, j’ai signé l’avenant.
FI : Pourquoi avez-vous signé l’avenant alors que vous saviez que vous étiez en arrêt maladie et que vous ne vouliez pas aller à Koungou ?
A. M. D. : J’ai signé l’avenant sans m’en rendre compte… J’avais pris des médicaments, j’étais fragile… Ma santé n’était pas bonne ! Je n’étais même pas capable d’analyser et de comprendre cette affectation, encore moins de négocier. C’est seulement quelques jours plus tard, le 2 février, que je me suis rendu compte de ce qu’il s’était passé. Je suis allé voir l’inspecteur du travail et les délégués syndicaux qui m’ont dit que ce qu’avait fait BDM n’était pas normal.
Le 3 février, j’ai écrit à la direction pour réclamer l’annulation de l’avenant. Mon avocat a également fait la même chose, mais elle a refusé. Mes supérieurs prétendent que même si je suis en arrêt maladie, ils peuvent me faire parapher un avenant d’affectation de magasin. J’ai donc porté plainte pour exiger son annulation, avant de demander un référé il y a un mois.
FI : Votre procès contre le groupe BDM a eu lieu ce lundi 20 septembre, qu’en est-il ressorti ?
A. M. D. : Chaque parti a exposé les faits devant les juges, mon avocat a insisté sur le fait que lorsqu’il y a un arrêt maladie, il n’y a pas d’affectation valable. La délibération est prévue pour le 4 octobre. En attendant la décision du tribunal, je n’irai pas au travail à Koungou. Je vais certes perdre de l’argent, mais je n’irai pas ! J’aimerais que le tribunal annule cet avenant car le jour où je l’ai signé, je n’ai pas pu négocier à cause de mon état de santé. J’étais tétanisé… Je tremblais. Je ne pensais qu’à Bao (ancien employé du groupe BDM qui s’est suicidé) en voyant le directeur général en face de moi. Je n’étais plus moi-même.
FI : Désormais, qu’attendez-vous de votre employeur ?
A. M. D. : Tout ce que je veux, c’est reprendre mon travail. Je ne suis plus en arrêt maladie alors maintenant ils doivent me proposer un nouvel avenant dans les règles en respectant les lois. Je serai en mesure de prendre la décision en connaissance de cause. Les directeurs peuvent m’affecter dans un magasin plus proche de mon domicile, mais en respectant les lois. Depuis le 17 septembre, la date de fin de mon arrêt maladie, je ne suis pas payé. Et si je ne vais pas au travail, ils risquent de me licencier pour abandon de poste. Nous devons trouver une solution, car je refuse d’aller à Koungou.
FI : Dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
A. M. D. : Je réfléchis à porter plainte pour harcèlement. Depuis cette histoire, je ne suis pas bien psychologiquement. Je prends des médicaments. L’hôpital de Pamandzi m’a prescrit des séances chez le psy. Je suis perturbé par ce qu’ils m’ont fait. J’estime que la mesure de mutation à Koungou est abusive. La direction de BDM veut me sanctionner parce que je fais partie des managers qui tiennent tête.
La direction de BDM se mure dans le silence
La rédaction a proposé à la direction du groupe BDM de lui livrer sa version des faits, mais le directeur général, Marc Berlioz, n’a pas souhaité réagir. « Je lui laisse la responsabilité de ses dires, je n’ai pas de commentaire à faire », a-t-il simplement déclaré.