{xtypo_dropcap}T{/xtypo_dropcap}ounda Mag : Qu'est-ce qui vous a donné goût au théâtre, une forme artistique encore assez peu développée à Mayotte ?
Elmadjid Saindou : J'ai débuté très jeune en faisant des sketchs avec des amis. Nous sommes montés sur scène à Mzouazia et j'ai vite compris que ce que nous faisions avait un impact sur le public, ce qui m'a directement touché. Par la suite, lorsque j'étais au lycée, j'ai eu la chance d'avoir un professeur de Lettres qui m'a réellement donné goût aux grandes œuvres et notamment les pièces de théâtre.
TM : Quel a été votre parcours et quelle est votre formation artistique ?
ES : Lorsque j'ai eu mon baccalauréat, je suis parti en Métropole pour suivre des études de Lettres dans la région d'Avignon, la ville du théâtre par excellence. C'est là que j'ai finalement intégré le Conservatoire national d'art dramatique en 2004. Ce n'était pas facile au début, notamment avec la maîtrise du français, qui doit être parfaite pour jouer. Mais à force de travail et de nombreuses rencontres, notamment celle avec Jean-Louis Hourdin, metteur en scène et chef de troupe, qui a confirmé mon choix de faire du théâtre mon métier.
J'ai ensuite entendu parler du projet de compagnonnage à la Réunion, avec à la clé un contrat de professionnalisation. J'ai passé les auditions en 2008 et j'ai été retenu, nous étions 9 jeunes issus des écoles de théâtre à intégrer le centre dramatique pour une mission de création, transmission, action culturelle.
Une prochaine création au Mozambique
TM : C'est donc au terme de cette formation sur deux ans que vous avez obtenu le diplôme d'Etat d'enseignement du théâtre. Souhaitez-vous devenir professeur ?
ES : Je suis avant tout comédien et je n'aime pas trop le terme de professeur. Ce que je veux c'est transmettre, non pas ce que je sais déjà, mais ce que nous recherchons tous en faisant du théâtre.
TM : Avez-vous pour projet de revenir à Mayotte pour faire profiter de votre expérience ?
ES : Bien sûr, je devrais rentrer d'ici quelques semaines. Mon projet est de créer une compagnie et d'être auprès des jeunes. J'aimerai également travailler avec les autres compagnies amateurs. Je me suis renseigné auprès des établissements scolaires et je souhaiterai vraiment mettre en place des ateliers avec les jeunes, comme je le fais déjà ici à la Réunion où je travaille avec deux classes à horaires aménagés du collège Mahé de Labourdonnais à St-Denis. Le théâtre est un formidable moyen d'apprentissage de la langue, je l'ai constaté moi-même.
TM : Vous avez également participé à plusieurs créations, pouvez-vous nous en citer quelques-unes?
ES : Entre 2006 et 2008 j'ai travaillé sur "Tohu Bohu", une création de Manuella Morgaine avec Elizabeth Cirefice, metteur en scène et professeur de théâtre à Toulon. J'ai également travaillé avec Ahmed Madani pour une création à Tananarive intitulée "L'improbable vérité du Monde".
Au mois d'août prochain, je pars à Maputo au Mozambique avec la compagnie lyonnaise "Les Asphodèles" pour une création de Koffi Kwaoulé, "Le masque boiteux". J'espère sincèrement que nous pourrons amener cette pièce à Mayotte pour une petite tournée.
Propos recueillis par Marion Châteauneuf
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