Depuis le 9 août, les habitants de l’île aux parfums doivent se plier à l’obligation de présenter une preuve sanitaire, à l’image du reste du pays. Restaurants, mariages, spectacles… Le préfet Thierry Suquet a détaillé l’application du dispositif.
40. C’est le nombre de nouveaux cas détectés sur la semaine du 31 juillet au 6 août à Mayotte. Rien à voir avec les plus de 20.000 cas quotidiens enregistrés en France. Ni même avec les 3.000 par semaine qui inquiètent nos voisins de La Réunion, c’est certain. Reste que l’arrivée du variant Delta, dont 17 souches ont été séquencées pour l’instant sur l’île aux parfums, fait craindre des jours plus sombres, à quelques semaines de la rentrée. “Nous avons les chiffres les plus bas de France, et en même temps, nous avons multiplié les cas par quatre en une semaine, et il y a un décès supplémentaire”, a ainsi commenté le préfet Thierry Suquet.
Interrogé lundi soir sur le plateau de Mayotte la 1ère, le délégué du gouvernement a détaillé les mesures du fameux passe sanitaire étendu, qui s’applique en France depuis ce 9 août et jusqu’au 15 novembre. Depuis la nuit de débat qui avait agité le Sénat le 25 juillet dernier, quelques zones d’ombre subsistaient quant à la mise en place concrète de ce texte dans le 101ème département. En effet, un petit amendement semblait exclure Mayotte du cadre la loi, en précisant que « par dérogation (…) si l’état d’urgence sanitaire est déclaré sur le territoire de Mayotte avant le 30 août 2021, cet état d’urgence est applicable jusqu’au 30 septembre 2021 inclus ». Seul semblait donc concerner le territoire la première version du passe, instauré par la loi du 31 mai 2021 pour les voyageurs en provenance ou à destination de la France et pour l’accès à de grands rassemblements (de plus de 50 personnes depuis le 21 juillet) occasionnés par des activités de loisirs (salles de cinémas, théâtres, musées…) ou des foires et salons.
Les restaurateurs devront flasher les QR codes
En réalité, la préfecture de Mayotte a décidé de brasser un peu plus large… N’en déplaise à certains ! Et en tête de liste, ce sont les restaurateurs qui risquent fort de grincer des dents, eux qui tombent donc finalement sous le giron du dispositif. Le passe sanitaire obligatoire s’applique ainsi depuis hier sur les activités de restauration commerciales (bars, restaurants et leurs terrasses), à l’exception de la restauration collective ou de la vente à emporter, de la restauration professionnelle routière ou de débit de boisson. Idem pour les services et établissements de santé, sociaux et médico-sociaux, sauf urgence : les visiteurs, et les patients accueillis pour des soins programmés devront d’abord dégaîner le fameux QR code. Pour ces différents lieux, il reviendra alors aux personnels d’en vérifier la validité avec l’application de lecture “TousAntiCovid Vérif”.
Le cas du manzaraka
Comme prévu, les séminaires et salons professionnels sont aussi concernés, ainsi que les événements dans un établissement couvert, “les concerts et les spectacles dans les MJC”, a cité le préfet à titre d’exemple. Autre information notable : pour les mariages, si le lieu de réception est loué, il reviendra “par défaut” à la charge des mariés de contrôler l’attestation de leurs invités. Et caribou surtout ! Pas besoin en revanche de présenter le passe en mairie ou dans les lieux de culte.
La barge et les centres commerciaux exemptés
De leur côté, les centres commerciaux de Mayotte échappent à la règle, puisqu’ils n’excèdent pas la taille réglementaire de 20.000 mètres carrés. Quant aux déplacements au sein du territoire, et notamment avec la barge, ils ne font pas non plus l’objet de ce nouveau dispositif. “On connaît l’obligation, c’est pour partir à La Réunion, en métropole ou pour des voyages internationaux, mais pas pour les voyages à l’intérieur de Mayotte… en attendant le train”, a glissé Thierry Suquet, qui en a profité pour rappeler l’importance de respecter les gestes barrières, port du masque, limitation à six personnes par table, etc. Enfin, “pour tenir compte de la situation spécifique de certaines catégories de personnes”, la présentation du passe est repoussée au 30 août pour les salariés des lieux et établissements recevant du public et au 30 septembre pour les jeunes de 12 à 17 ans.
Pour rappel, le passe sanitaire consiste en la présentation numérique via l’application gouvernementale TousAntiCovid ou papier d’une preuve sanitaire : soit un schéma vaccinal complet, à savoir sept jours après la deuxième injection pour les vaccins à deux injections (Pfizer, AstraZeneca ou Moderna), ou après une dose unique pour les personnes ayant un antécédent de Covid, ou quatre semaines après l’injection pour le Johnson&Johnson ; soit un certificat de test négatif de moins de 72 heures (RT-PCR ou antigénique) ; soit le résultat d’un test RT-PCR ou antigénique positif attestant du rétablissement du Covid-19, datant d’au moins 11 jours et de moins de 6 mois.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.