{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}epuis le mois d'avril 2009, cet homme fait l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par Kigali. La justice rwandaise le suspecte d'avoir dirigé et ordonné plusieurs massacres dans la province de Kibungo. Et notamment un massacré perpétré par les milices hutues dans l'église de Kabarondo, où près d'un millier de Tutsis ont trouvé la mort le 13 avril 2004. La plainte a été lancée au nom de plusieurs victimes tutsies et du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPRC).
Le procureur a décidé de lancer une enquête sur la base d'un signalement de la préfecture de Mayotte, elle-même alertée par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), auprès duquel Octavien Ngenzi avait déposé une demande d'asile, sous un faux nom. Selon l'avocate des victimes rwandaises, cela faisait longtemps que l'on suspectait le fugitif de se trouver à Mayotte. L'île compte en effet une importante communauté rwandaise, ainsi que de nombreux ressortissants de pays de l'Est africain.
Dans la communauté, c'est le soulagement qui prime. "Ça fait longtemps qu'on attendait ça", explique ce Rwandais vivant à Mamoudzou, "on savait tous qu'il était ici, et ils sont nombreux à se cacher à Mayotte sous un faux nom." Il nous explique comment la promiscuité sur l'île oblige des victimes et des familles de victimes à côtoyer régulièrement leurs anciens bourreaux. "Nous mangeons ensemble et il y a même des victimes qui vivent dans les mêmes endroits que leurs bourreaux. Celui-là par exemple (Octavien Ngenzi, NDLR), aurait commis des exactions dans une localité d'où sont originaires de nombreux Rwandais vivant ici."
Des déclarations étonnantes mais qui traduisent une peur et surtout une méfiance des Rwandais vis-à-vis de l'Etat français et du rôle qu'il a joué durant cette période. "Nous ne dénonçons pas ces personnes parce que nous sommes ici sous la protection de la France. Eux aussi sont protégés, et pourtant la France les connaît mieux que nous." Pour éviter d'éventuels problèmes, ils ont tous opté pour la discrétion.
"Nous faisons juste en sorte de nous en sortir chaque jour." Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, une vingtaine de Rwandais impliqués dans le génocide de 1994 vivraient actuellement en France.
HT
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