La chambre des métiers et de l’artisanat a tenu un séminaire porté sur l’avenir des taxis à Mayotte ce mercredi. L’occasion de parler des conditions de travail des chauffeurs de taxis et de l’évolution de leur métier dans les années à venir. Mais le futur n’est pas tout rose pour la profession qui semble être oubliée par les politiques.
Ils étaient très attendus mais figuraient aux abonnés absents. Les représentants des différentes collectivités de l’île n’ont pas répondu à l’appel de la chambre des métiers et de l’artisanat pour assister au séminaire sur le futur des artisans taxis de Mayotte. Pourtant, leur présence était plus que nécessaire. « Aujourd’hui était l’occasion de réunir les intercommunalités, le Département avec l’État et leur dire que l’avenir des taxis est vraiment menacé », rappelle Salama Ramia, directrice du service développement économique à la CMA. Par le passé, les politiques ont été mis au courant des inquiétudes de la profession qui a l’impression d’être menacée par les projets de transports urbains qui sortent des tiroirs. « Il y a trois ans, lorsque tous ces projets ont été lancés, il y a eu une grosse inquiétude des taxis qui se demandaient où serait leur place…. Jusqu’à il y a un an, nous étions rassurés par la Cadema, mais depuis l’installation de la nouvelle équipe, ce n’est plus le cas », affirme Salama Ramia. Leurs craintes se portent particulièrement sur le Caribus !
La communauté d’agglomération de Dembéni-Mamoudzou aurait promis aux taxis artisans de les inclure dans le projet en autorisant les véhicules neuf places sur leurs lignes. Une promesse qui ne semble plus d’actualité selon les professionnels. « Ces voitures seraient remplacées par des bus de quinze places. Cela reste à confirmer parce que nous n’avons aucun retour de la Cadema, mais qui dit bus de 15 places, dit plus de taxis ! », prévient la directrice. Les échanges ne sont pas plus avancés avec le Département, au grand désespoir de la chambre des métiers et de l’artisanat, mais aussi et surtout des chauffeurs professionnels. Si le séminaire en question était le parfait rendez-vous pour jouer carte sur table, l’absence des autorités complique la donne… « La Cadema était représentée, l’État aussi, mais il n’y avait personne du Département et des autres intercommunalités. Nous sommes déçus parce que ceux qui devaient entendre notre message n’étaient pas là », regrette Salama Ramia. Selon elle, cet immobilisme prédit en quelque sorte l’avenir des taxis. « Le futur est sombre si la situation d’aujourd’hui se répète. Mais il peut aussi être sauvé si toutes les collectivités s’unissent à nous pour trouver des solutions », indique-t-elle, espérant se faire entendre.
Des taxis plus modernes
Les taxis font partie du patrimoine culturel de Mayotte, ils sont ancrés dans le paysage depuis plusieurs dizaines d’années. Même si les transports en commun se multiplient dans l’avenir, il sera difficile de se passer d’eux. « Il ne peut pas avoir de bus partout dans Mayotte. Que ce soit le projet de la Cadema ou celui du Département, ils ne peuvent pas aller dans tous les quartiers ni toutes le communes », selon Salama Ramia. Les professionnels doivent donc être considérés comme des alliés et non des adversaires par les collectivités. Mais le taxi, tel que nous le connaissons actuellement, n’a peut-être plus sa place dans notre société où les clients sont de plus en plus exigeants. Les propriétaires de l’entreprise Taxi vanille 976 l’ont compris. La société aux véhicules blancs et jaunes existe depuis 2019 et elle n’a qu’un seul mot d’ordre : la modernité. « Nous faisons en sorte pour que le public ait tout le confort nécessaire, que la voiture soit toujours propre, climatisée, que le client puisse payer par carte bancaire », explique Abalkini Chanfi, directeur adjoint de la société. Il est également possible de réserver son taxi 48 heures en avance, mais concernant la réservation instantanée, il faudra encore attendre, faute de professionnels. Pour l’heure, la société regroupe 102 artisans taxis, « dont soixante véhicules que nous espérons moderniser d’ici six mois », précise Abalkini Chanfi.
La modernité est une chose, mais le système des taxis mahorais reste authentique. Une authenticité qu’il faudrait préserver. « J’entends souvent dire qu’il faut faire du copier-coller, mais je ne suis pas favorable. Il ne faut pas croire qu’ailleurs ça passe bien. Nous avons notre particularité et nous pouvons même créer un modèle pour les autres départements », souhaite la directrice du service développement économique à la chambre des métiers et de l’artisanat. Et cela peut commencer par le choix d’une couleur unique pour tous les véhicules. Mayotte est le seul département à avoir un décret en ce sens. Au delà de l’esthétique, il s’agirait d’un bon moyen pour différencier les professionnels en règle aux taxis clandestins.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.