Vendredi dernier, la communauté de communes du sud et l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte ont signé une série de conventions pour le développement de zones touristiques et économiques et des baux pour l’installation d’agriculteurs sur le territoire. Une nouvelle étape entre les deux institutions qui conforte l’attractivité de cette partie de l’île.
Si les pelleteuses ne sont pas encore au pied d’oeuvre, l’avancement de trois projets structurants sur la communauté de communes du Sud est en bonne voie puisqu’ils sont déjà en phase dite « opérationnelle ». Preuve en est vendredi dernier avec la signature de plusieurs conventions avec l’établissement public foncier et d’aménagement de Mayotte (Epfam) qui doivent permettre d’ici un à trois ans de complètement transformer le visage de cette partie de l’île.
Ancien lieu touristique de référence de la baie de Bouéni, la zone écotouristique d’Hagnoundrou s’avère être à la fois un chantier inédit et ambitieux. Sur une surface totale de 46 hectares, le rendu final fait rêver avec près de 300 lits d’hébergement, 16.000 mètres carrés d’activités économiques (restauration, pôle VTT, centre équestre, ferme éducative, accrobranche…), 5.000 mètres carrés d’équipements publics (base nautique, halle des fêtes, centres de formation modulables) ou encore de multiples espaces aussi divers que variés (ponton de plaisance, bassin de baignade, jeux nautiques et terrestres, desserte cyclable..). « La conception de l’avant-projet va débuter. Les demandes d’autorisation liées aux codes de l’urbanisme et de l’environnement vont être soumises aux services de l’instructeurs », assure Ali Moussa Moussa Ben, le maire de Bandrélé et le président de l’intercommunalité, qui envisage de commencer les travaux en 2024.
À quelques kilomètres, la zone d’activité économique multifonctionnelle de 18 hectares située à Malamani est elle-aussi sur les rails. Lancée en 2018 avec les études de faisabilité, elle doit accueillir des entreprises industrielles, commerciales et artisanales et voir notamment sortir de terre une cuisine centrale, un garage solidaire, un pôle déchets, mais aussi un abattoir. Pour réussir ces deux défis, l’opération d’aménagement urbain, baptisée « Mjini Héritage », s’intègre parfaitement à cette vision. Imaginée en 2015 à l’occasion de l’élaboration d’un schéma d’aménagement et de développement communal, elle prévoit la création d’un nouveau éco-quartier sur Bandrélé qui « domine le centre-bourg ». Au programme : la construction de 670 logements, de commerces de proximité, d’un groupe scolaire, d’un gymnase, d’un stade, d’une salle polyvalente et d’un collège. Le tout en mettant en valeur les vestiges de la mosquée et les arbres centenaires. Une dernière étape de concertation se déroule du 20 juillet au 20 septembre avant la finalisation du projet.
Un symbole de réussite
En attendant la pose des différentes premières pierres, un autre pôle, agricole cette fois-ci, vient également pointer le bout de son nez, dans le but de « favoriser l’installation et la professionnalisation des agriculteurs », détaille Ali Moussa Moussa Ben. C’est tout l’intérêt du site de Mro-Mouhou qui doit permettre la valorisation du foncier, la mise en place de l’irrigation nécessaire et la construction de bâtiments collectifs de stockage, de bureaux et d’une chambre froide. Tout cela à destination de 11 exploitants, sélectionnés à la suite d’un appel à projets et accompagnés par l’Epfam dans le montage de leur plan de développement et de leurs demandes de financements publics. « Ce projet phare, audacieux et en même temps expérimental, me motive à réunir nos forces, nos expériences et nos pratiques. […] Je fais un vœu pieu républicain : que cette initiative sera un symbole de réussite pour la structuration et le développement endogène de notre territoire », confie Zaïna Silahi, désignée porte-parole de son père, Abdou. Tous deux ravis d’allier innovation et tradition mais aussi d’oeuvrer pour une agriculture raisonnée et raisonnable.
Avec ces 13 hectares acquis par le mairie et mis à disposition sous forme de baux ruraux de neuf ans, assermentés d’une close environnementale, tous vont pouvoir bénéficier d’un découpage parcellaire à partir du 1er septembre. Et ainsi mettre à profit leurs filières d’élevage (bovins, poules pondeuses, poulets de chair) et de maraîchage. « Cette stratégie va se généraliser sur l’ensemble du territoire intercommunal », promet le premier magistrat. « Nous menons une étude de faisabilité sur l’aménagement de quatre autres pôles agricoles : à Malamani sur 91 hectares, à Caroni sur 133 hectares, à Kani-Kéli sur 14 hectares et à Mronabeja sur 46 hectares. »
À l’heure où les intercommunalités du 101ème département peinent à se mettre en ordre de marche, celle du Sud fait figure d’exemple. « Notre mission est de porter haut et fort les projets qui vont rendre attractif notre territoire. […] Notre ambition est de conduire des opérations à hauteur de 50 millions d’euros d’ici 2026 », conclut Ali Moussa Moussa Ben, convaincu de cette orientation politique. Comme en témoigne la signature de près de 20 conventions opérationnelles avec l’Epfam depuis juin 2017.
Romain Guille est un journaliste avec plus de 10 ans d'expérience dans le domaine, ayant travaillé pour plusieurs publications en France métropolitaine et à Mayotte comme L'Observateur, Mayotte Hebdo et Flash Infos, où il a acquis une expertise dans la production de contenu engageant et informatif pour une variété de publics.