La semaine dernière, le Park Numérique a organisé une formation à la cité des métiers. Le but : former des ambassadeurs pour apporter du savoir à l’acculturation digitale dans le 101ème département, auprès d’un large public de bénéficiaires. Et ainsi faire monter en compétence le territoire dans l’espoir de générer de l’emploi.
« Il y a deux semaines, j’ai garé le bus dans la cour de l’école élémentaire de Majicavo. En deux jours, pas moins de 250 élèves ont été sensibilisés sur la manière dont on peut étudier avec une tablette », glisse d’un air nostalgique Fatima. Avec son bolide, la conseillère numérique à la cité des métiers sillonne les quatre coins de l’île depuis le 5 avril. « Regardez, on a cinq boîtiers 4G sur le côté et une télé interactive au fond », s’empresse de compléter Faira, sa collègue, au moment d’ouvrir les portes du « camion ». Mais encore leur fallait-il un certain bagage technique pour apporter tout leur savoir-faire à l’acculturation digitale. C’est tout l’objet de la formation dispensée à sept personnes la semaine dernière par le Park Numérique, lauréat en fin d’année dernière de l’appel à projets Innovation Mayotte 2020 lancé par le conseil départemental. Qui a dans la foulée créé son entité sur l’île aux parfums.
Son ambition : faire du numérique un levier d’apprentissage et d’insertion professionnelle pour tous les publics dans le 101ème département. Pour cela, il apparaît essentiel d’« avoir des ambassadeurs auprès des bénéficiaires », précise Grégory Guillou, le référent en Martinique, présent sur le territoire durant la session de cinq jours. « On nous a appris à mieux nous connaître et à avoir en tête un programme d’accompagnement », complète Faira, encore agréablement marquée par son coaching en neuro-éducation. Mais pas seulement. « On a approfondi nos connaissances sur la robotique et la programmation. » Essentiel sachant que celles-ci sont imposées par l’Éducation nationale depuis 2016. D’où les récentes interventions dans les établissements scolaires.
Diffuser de l’essaimage
Pour réussir le pari de la lutte contre l’illectronisme, de la continuité pédagogique ou encore de la dématérialisation, le Park Numérique a une approche dite en escalier : sensibilisation, détection, montée en compétences, formation qualifiante, pré-qualifiante et certifiante… « On a noué des partenariats avec Action Logement et Mlézi Maoré et on va intégrer le cluster numérique », confie Pascal Pierre-Louis, le président de la fédération, avant d’annoncer la signature d’une convention avec le Carif-Oref dans le but d’installer une école du numérique, comme c’est déjà le cas dans d’autres territoires métropolitains et ultramarins. « On va diffuser de l’essaimage à partir de 6 ans ! Sans oublier de faire en sorte que les parents ne soient pas trop décrochés. »
Responsable de la cité des métiers à Koungou, Abdou affiche, lui aussi, un large sourire à la sortie de cette formation. Une belle reconversion pour cet ancien militaire. « Le système Félin (fantassin à équipements et liaisons intégrés) m’a poussé vers la numérique », souligne le quadragénaire, passionné par les nouvelles technologies, qui s’attèle désormais à aider ses interlocuteurs à se réorienter et à mettre un pied dans le monde du travail. À l’instar des autres formés, il a bien conscience de la tâche qui l’attend puisque la France recherche pas moins de 100.000 développeurs. « Si on fait bien monter en compétences le territoire, on peut générer de l’emploi et de l’entrepreneuriat sur le marché africain », conclut Grégory Guillou. Et peut-être, par la même occasion, façonner les pépites de demain.