Quatre ans après l’attaque qui a bouleversé sa vie, le lieutenant-colonel Olivier Pech, atteint gravement au visage, a obtenu justice devant la cour d’assises pour mineurs. Les deux accusés considérés comme les auteurs principaux de son agression ont écopé de 12 et 10 ans de prison ferme.
Les nombreux gendarmes présents ce lundi soir, en service comme en soutien, arborent le même sourire satisfait. Après quatre jours de procès “très denses”, et surtout quatre ans de reconstruction, le lieutenant-colonel Olivier Pech, commandant en second de la gendarmerie de Mayotte en 2017, a enfin obtenu justice. La cour d’assises pour mineur a prononcé des peines sévères pour les individus impliqués dans un caillassage, qui avait gravement blessé le militaire au visage : entre quatre mois et 12 ans de réclusion criminelle. “Je confirme la dimension thérapeutique de cette étape, ce ne sont pas des paroles toutes faites : le procès participe à cette reconstruction”, a insisté le militaire à la sortie de l’audience, entouré par ses proches venus spécialement à Mayotte pour assister aux audiences, qui se déroulaient à huis clos.
Le n°2 de la gendarmerie ne cachait pas son appréhension à l’idée de reposer le pied sur le sol mahorais, quatre ans après cette nuit fatidique, où il avait été blessé lors d’un caillassage en Petite-Terre. L’attaque avait eu lieu dans la nuit du 13 au 14 mai 2017. Après ce qu’il appelle “un périple anti-gendarmes”, où des bandes de jeunes avaient visé plusieurs lieux symboliques des forces de l’ordre, le lieutenant-colonel Olivier Pech, appelé en renfort, est à son tour pris à partie alors que le calme semblait revenu. Ciblé par des jets de projectiles, le militaire reçoit un pavé de près d’un kilo au visage. Transporté en urgence au centre hospitalier de Mayotte avec un traumatisme crânien, il est par la suite évacué vers La Réunion. Aujourd’hui encore, l’officier n’a pas retrouvé l’usage complet de son œil droit, dont l’acuité visuelle a diminué de moitié.
“Il faut qu’ils voient cela comme une dernière chance”
Pour son avocate, Maître Pauline Ragot, “la justice a pris la mesure de l’extrême gravité des faits commis par les deux auteurs principaux dans ce dossier”. Le meneur présumé a écopé de 12 ans de réclusion criminelle et d’une interdiction définitive du territoire français. Son complice, dont on a retrouvé des traces ADN sur le projectile qui a atteint le visage du lieutenant-colonel, prend 10 ans. En tout, huit accusés figuraient initialement dans le dossier, mais deux n’ont pas pu être jugés par la cour d’assises des mineurs : l’un, âgé de 13 ans au moment des faits, a été renvoyé devant le tribunal pour enfants, l’autre n’était pas apte psychologiquement à comparaître. Les autres s’en sortent avec des peines de quatre mois et un an de réclusion. “Il faut qu’ils voient cela comme une dernière chance, et qu’ils ne se fassent pas guidés par des mecs comme Foras et Bonobo (les surnoms des deux leaders présumés, NDLR), qui sont des cancers”, a souligné Olivier Pech.
Si l’enquête avait initialement été ouverte par le parquet de Mayotte pour tentative de meurtre sur personnes dépositaires de l’autorité publique, c’est finalement le chef de “violences volontaires avec guet-apens ayant entraîné une ITT (incapacité temporaire de travail) supérieure à huit jours avec usage ou menace d’une arme sur personne dépositaire de l’autorité publique”, qui a été retenu. Les accusés risquaient jusqu’à 15 ans de prison. Après cette condamnation au pénal, reste désormais la partie civile, qui doit avoir lieu en juin pour statuer sur la réparation du préjudice. La famille du lieutenant-colonel Olivier Pech s’est constituée partie civile.