"Notre ami n'est pas un criminel"

Vendredi dernier, Sa Saïd, le pizzaiolo singapourien de Labattoir qui a défrayé la chronique, s'est envolé en direction de la Grande-Bretagne. Devant les autorités britanniques, il devra prouver son innocence dans une affaire de délit d'initié dans laquelle il aurait escroqué pour plusieurs centaines de milliers d'euros.

Selon les agents du FSA, il était complice d'un couple. C’est lui qui recevait l’argent pour acheter les actions de sociétés avant leur vente. Il les revendait ensuite avec un fort bénéfice. Une partie de cet argent était envoyé à Mayotte.

Après l'afflux d'informations diverses qui ont circulé dans les médias, ses amis Mattéo Romali et Jenny Anderson ont décidé de donner leur version des faits, leur vérité sur son compte. Selon eux, M. Saïd n'était pas à Mayotte pour se cacher. Il tenait un café à Londres lorsque la crise financière a frappé le pays de plein fouet. C'est à ce moment qu'il a décidé de venir à Mayotte. "Il a un ami mahorais qu'il a rencontré à Londres. C'est comme ça qu'il a découvert Mayotte. Il est venu deux, trois fois et a vu qu'il y avait des opportunités ici", explique Mattéo.

L'Italien a travaillé plusieurs années avec lui dans son café londonien avant de le suivre à Mayotte. A leur arrivée en 2008, ils se sont installés à Labattoir et non pas à Coconi, où ils comptaient juste ouvrir une pizzeria. Tous les trois vivaient en colocation en Petite Terre où le Singapourien était parfaitement intégré. "On a raconté qu'il est venu se cacher ici, mais si c'était le cas il serait allé aux Comores. D'autant plus qu'à Labattoir, tout le monde le connait. Il allait à la mosquée et discutait avec les gens. S'il voulait se cacher, il serait parti n'importe où ailleurs en Afrique, dans le Pacifique, mais pas en France dans un futur département."

En ce qui concerne l'escroquerie financière, le couple d'amis a une toute autre version de l'histoire. "Comme beaucoup de monde, il faisait des placements en bourse", se rappelle Mattéo Romali, "parfois il gagnait et parfois il perdait de l'argent. Un jour il a eu de la chance, il a pu acheter des actions à très bas prix, ce qui lui a permis de gagner beaucoup en les revendant."

Sa Aïd aurait ainsi gagné plusieurs centaines de milliers d'euros. Selon eux, c'est à partir de là qu'il aurait été soupçonné d'avoir bénéficié du délit d'initié. Même s'ils n'ont pas pu le voir depuis son arrestation, ils savent que dès qu'il le pourra, leur ami va revenir à Mayotte. "Il veut aller résoudre ses problèmes avant de revenir."