Entre les Cavaliers de Mayotte et le parc équestre d’Hajangua, les relations ne sont plus au beau fixe depuis plusieurs années. Après trois ans de collaboration entre 2014 et 2017, l’association ne voit “plus d’autre choix que d’aller devant la justice”. Selon l’une des bénévoles, le club hippique tenterait d’accaparer des biens et des subventions dues à la structure associative.
Remontée comme un coucou suisse, une bénévole, maman de cavalière, ne décolère lorsqu’il s’agit d’évoquer la tournure des événements qui se profile au club hippique d’Hajangua. D’un côté, l’association les Cavaliers de Mayotte en avait besoin pour pouvoir faire monter gratuitement la jeunesse mahoraise, n’y ayant pas vraiment d’accès. De l’autre, le centre équestre profitait de cette aubaine lorsqu’il était au plus bas, notamment financièrement, pour former aux métiers de l’éducation et payer la monitrice. Mais une volonté de vendre le parc aurait terni leurs relations… Pour les bénévoles, le gérant Alain Chartier tente de vendre des biens qu’ils ont pu acquérir en tant qu’association, c’est-à-dire avec de l’argent public. Tandis que le propriétaire clame haut et fort que tout est en règle et que l’ensemble du matériel ainsi que les chevaux ont été financé par lui, en toute légalité. “Nous avons tous les justificatifs de nos achats et j’ai confiance en la justice pour rétablir la vérité”, avance-t-il, sensiblement irrité face aux accusations portées.
Une ex-coquille vide ?
Selon la présidente des Cavaliers de Mayotte, qui souhaite garder l’anonymat, la vente au collège de Combani en 2017 n’aurait pas abouti car “ils n’ont plus de chevaux”. “C’est les subventions publiques qui ont permis d’apporter des poneys.” En d’autres termes selon elle, “c’est une coquille vide” sans l’appui de sa structure. Propriétaire du Parc équestre du Lagon depuis octobre 2018, Alain Chartier tient un tout autre discours. L’homme se serait arrangé pour faire venir des chevaux sur l’île, en payant lui-même, après le rachat du parc. Selon ses dires, les aides de l’association ne n’ont servi qu’à financer la venue des équidés jusqu’au 101ème département. « Ils ont eu des subventions pour le transport, du coup ils réclament la totalité du club. Mais tout leur appartient si on les écoute !” Pour résumer, chaque partie rejette la faute sur l’autre et s’accuse mutuellement d’être des voleurs.
Rendez-vous devant la justice
Ex-membre des Cavaliers de Mayotte, Alain Chartier regrette de se faire lyncher de la sorte après avoir mis toute son énergie et ses économies dans ce projet de reprise. “Je suis un professionnel du cheval et je suis entré dans l’association pour assurer la continuité de l’équitation à Mayotte”, rappelle-t-il. Aujourd’hui, l’homme de 74 ans compare les bénévoles à “des plaisantins, qui cherchent à s’accaparer des choses qui ne leur appartiennent pas” et laisse ses “avocats gérer l’affaire”. C’est la justice qui devra finalement mettre au clair cette affaire. Les avocats du centre et l’avocate de l’association seront reçus dès lundi au tribunal de grande instance pour trancher.