Suite aux violences survenues à Koungou fin février dernier, les habitants du lotissement Sim de Kwalé sont sur leurs gardes. En effet, le programme de décasage initié par la préfecture prévoit de raser les habitations situées juste en face de la résidence dans le but d’y construire un lycée. Les habitants craignent donc le même genre de débordements que ceux de Koungou et exigent une sécurisation des lieux.
« Notre résidence n’est pas du tout sécurisée. Le portail automatique, en panne depuis deux ans, reste constamment grand ouvert et la SIM n’est jamais venue le réparer », se plaignent d’une seule et même voix les habitants du lotissement de Kwalé. Comme la plupart des résidences SIM, cette dernière ne possède pas particulièrement de dispositif de sécurité mis à part l’unique élément cité, qui plus est vaguement dissuasif. Résultat des courses : on y pénètre comme dans un moulin ! « Des jeunes avec des bandes de chiens entrent régulièrement dans la résidence, les vols de scooters sont nombreux et nous ne pouvons rien laisser sur les varangues ! », pointent-ils du doigt.
Ces problèmes de sécurité sont communs à quasi l’ensemble des lotissements SIM de l’île. Olivier, nouvel arrivant à Kwalé, habitait encore récemment celui de Tsoundzou 2 où la situation devenait intenable… « Tous les habitants des bangas passent par [là] pour se rendre chez eux. Au moins une fois par semaine, les vitres d’une voiture sont cassées. Si nous avons le malheur de laisser un téléphone dans sa voiture, il est volé en deux minutes. Les cambriolages « à la perche » sont monnaie courante, il faut donc tout éloigner des fenêtres », raconte-il, d’un ton agacé. Sans compter les enfants manipulés par des bandes d’adultes pour passer à travers les barreaux des maisons afin « d’aller chercher l’argent ». En bref, les lotissements SIM en général sont la cible de nombreux vols. « Les délinquants connaissent le montant des loyers, ils se disent donc que ce sont des « habitations de riches » et nous prennent régulièrement pour cible », déroule toujours Olivier.
La SIM dans le collimateur
Malgré les nombreux signalements de ces désagréments à la SIM, celle-ci n’a jamais pris la peine de sécuriser ses lotissements. Pas plus à Kwalé qu’ailleurs. « Quand nous les appelons à propos du portail, ils disent toujours qu’ils vont s’en occuper, mais nous ne voyons jamais rien venir ! », s’agace Thierry, un autre habitant du lotissement. Et c’est la même chose pour l’entretien des logements en général. « Ils ont mis un an avant de venir nous installer la clim et la cuisine n’est toujours pas aménagée. Des devis sont faits, mais rien n’avance ! », explique Zora, qui a même cessé de payer son loyer depuis cinq mois tant que les travaux promis ne seront pas commencés. « Je tiendrai mes obligations quand la SIM tiendra les siennes », affirme-t-elle, déterminée. « Oui, oui ! », telle est la réponse phare de la SIM. Mais rien ne suit jamais derrière selon les résidents en colère.
Ce manque d’entretien n’est cependant qu’un détail au regard des problèmes de sécurité. Lors des évènements de Koungou fin février dernier, c’est bien la résidence SIM que les délinquants ont ravagée. Elle était en effet beaucoup plus facile d’accès que la résidence du Hameau du récif à laquelle les voyous avaient pourtant décidé de s’attaquer en premier lieu. Et comme un décasage est prévu sous peu au-dessus du collège de Kwalé, les habitants du lotissement craignent le pire. « En 2016, le préfet Frédéric Veau avait décasé un bidonville de Tsoundzou 1. Lorsque les bulldozers sont arrivés, les délinquants les ont cramés. Il y a eu de nombreux débordements, jusqu’à Kwalé, provoquant la fuite des habitants, apeurés », se souvient Patrick, le plus ancien locataire du lotissement. Ses voisins et lui craignent donc vivre la même histoire avec le futur décasage, prévu cette fois-ci juste en face de leurs logements.
Zora a fait signer une pétition a l’ensemble des habitants pour exiger de la SIM qu’elle répare au moins le portique. « Les forces de police font des rondes et nous rappellent quotidiennement que tant que le portail restera grand ouvert, nous ne serons pas à l’abri d’incidents graves et répétés », peut-on notamment y lire. Une copie de cette pétition a également été adressée au commissariat de police et à la mairie de Mamoudzou afin qu’ils soient informés des manquements de la SIM.