Vendredi dernier, le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soulaïmana, a pris un arrêté stipulant que les élèves de primaire et les collégiens de la ville chef-lieu devaient être accompagnés par un parent ou un tuteur légal à son établissement scolaire ou son transport. Si le recteur salue l’idée de sensibiliser la présence d’adultes, il rappelle que l’Éducation nationale ne peut refuser un enfant qui se présente seul.
L’annonce a eu l’effet d’une bombe… Vendredi dernier, la municipalité de Mamoudzou décide de prendre un arrêté inédit en réponse aux récents événements de violence aux abords et sur le trajet des établissements scolaires. Celui-ci stipule que « tout mineur scolarisé à l’école primaire devra être obligatoirement accompagné par un parent, un tuteur légal ou un accompagnant majeur afin d’y être accueilli ». Et vice-versa sur le chemin du retour. Une mesure forte qui s’applique à partir de ce jeudi 22 avril. « C’est une démarche définitive, elle n’a pas lieu d’avoir une date de fin », persiste et signe Ambdilwahedou Soumaïla, le premier magistrat, au vu de la « situation tendue ».
En accord avec le rectorat, le Département et la police nationale, ce dispositif concerne également les collégiens de la ville chef-lieu. Avec en plus, une petite particularité pour ceux qui empruntent les transports scolaires. « Nous demandons aux parents d’apporter leur pierre à l’édifice et de les accompagner sur le trajet domicile-arrêt de bus. Il nous paraît compliqué de les laisser se balader seuls. » Et en cas de manquement à la règle, « ils seront refoulés par un médiateur lors de la montée dans le bus ».
« Nous ne pouvons pas refuser un élève »
Si le recteur, Gilles Halbout, dit se réjouir « d’avoir un élu volontariste, qui pose la question du rôle des parents », il relate quelques fondamentaux de l’Éducation nationale. Notamment par rapport aux sanctions proférées par Ambdilwahedou Soumaïla. « Nous ne pouvons pas refuser un élève qui se présente seul devant son école », insiste le responsable de l’académie de Mayotte. « Ce serait presque dangereux de les renvoyer chez eux. »
Peu importe, l’édile de la commune semble déterminé par rapport à sa ligne de conduite. « L’enfant ne sera pas admis ! [Et] nous saisirons les tribunaux pour manquement à l’autorité parentale », maugrée-t-il, avant de citer l’article 371-1 du code civil pour sa défense. Suffisant pour en faire un geste « naturel » ? Cela risque surtout de rajouter de l’huile sur le feu… « Nous demandons juste que tout le monde s’implique, nous ne voulons pas les contraindre. »
Police municipale, vidéoprotection et éclairage public
Tout un discours qui s’oriente naturellement vers un chemin plus politisé. « Nous, à la ville, nous avons 66 caméras. Nous allons en financer 120 supplémentaires. Nous avons 36 policiers municipaux, nous allons en recruter huit de plus cette année pour arriver à 70 d’ici la fin de mandature. » Des investissements qui complètent l’ouverture annexe de polices municipales à Passamaïnty et à Kawéni à la rentrée prochaine « pour être au plus proche de la population ». Sans oublier les financements pour l’éclairage public, à savoir dix millions d’euros cette année, auxquelles s’ajoutent 13 autres millions « pour les autres coins ».
De quoi convaincre à demi-mot le recteur, qui rappelle que « les maires ont déjà bien d’autres responsabilités à occuper, comme la construction des écoles mais aussi la gestion du périscolaire et de la restauration ». En d’autres termes, cet arrêté symbolise surtout que les uns et les autres doivent rester à leur place… Mais ce n’est ni plus ni moins le lot d’un département récent, en plein développement, dans lequel chacun doit encore apprendre à délimiter ses compétences.