{xtypo_dropcap}"A{/xtypo_dropcap}ujourd'hui c'est la Journée de la femme, mais nous sommes là tous les autres jours aussi." Le ton est donné. Moinaecha Mohamed, nouvelle déléguée au droit des femmes, reprend le flambeau après une longue période de vide à ce poste, qui consiste essentiellement à fédérer les associations pour mettre en place des actions visant à l'amélioration des conditions de vie des femmes. Et, comme l'a signalé le préfet lors de la présentation de Melle Mohamed, à la MJC de M'gombani lundi, lors de la Journée mondiale de la femme, à Mayotte "il reste encore beaucoup à faire".

Assistante de justice auprès du tribunal administratif d'Orléans, puis chargée des affaires juridiques à la mairie de Mamoudzou et ensuite secrétaire générale de la mairie de Chirongui, Mlle Mohamed a pris ses fonction tout récemment, il y a à peine un mois. "Le but en Métropole est d'arriver à l'égalité totale hommes/femmes : devant l'emploi, le salaire, la représentation, la mixité dans les études, surtout scientifiques, et également de lutter contre les violences faites aux femmes", précise Moinaecha Mohamed qui refuse pour l'instant de se prononcer sur la condition féminine à Mayotte, attendu qu'elle ne dispose pas encore d'une vision claire de la situation et de chiffres fiables, les dernières statistiques datant de 1999. La jeune femme prévoit d'ailleurs dans ses priorités de mener une nouvelle enquête pour avoir des données plus actuelles.

 

Très peu d'élues femmes

 

Dans sa présentation, le préfet Hubert Derache a toutefois énoncé quelques chiffres concernant les femmes à Mayotte, comme le taux de chômage qui concerne 35% des femmes contre 19% des hommes, ou la formation professionnelle qui ne compte que 26% de femmes dans son public. Il a également déploré que peu de femmes aient des fonctions électives : deux maires (Pamandzi et Chirongui), une conseillère générale (Dembéni), quatre élues femmes sur 25 à la chambre de commerce et d'industrie, une seule sur vingt à la chambre d'agriculture.

"Il faut amener les femmes à pourvoir créer leur entreprise via la formation professionnelle", estime le préfet, qui a également dénoncé "la loi du silence", concernant les violences faites aux femmes, qui empêche d'avoir des chiffres fiables et surtout d'intervenir et de lutter contre ce phénomène encore très présent en France, qui en a fait une grande cause nationale 2010.

Le préfet a précisé que la déléguée au droit des femmes travaillera en collaboration avec le nouveau sous-préfet délégué à l'égalité des chances, Grégory Kromwell, qui prendra ses fonctions le 12 avril. Depuis le départ de Nafissata Bint Mouhoudhoir, la seule action qui ait continué est le prix de la vocation scientifique pour les filles, qui permet à des bachelières partant poursuivre des études scientifiques d'obtenir une bourse supplémentaire.

 

Hélène Ferkatadji